Objectivation savante et objet de politiques publiques : les violences interpersonnelles dans les habits neufs de la statistique et de la santé publique (France / Europe / Etats-Unis, 1995-2016)
Auteur / Autrice : | Catherine Cavalin |
Direction : | Paul-André Rosental, Emmanuel Henry |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Sociologie |
Date : | Soutenance le 05/10/2016 |
Etablissement(s) : | Paris, Institut d'études politiques |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale de Sciences Po (Paris ; 1995-....) |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Centre d'études européennes et de politique comparée (Paris) |
Jury : | Président / Présidente : Marylène Lieber |
Examinateurs / Examinatrices : Paul-André Rosental, Emmanuel Henry, Jean-Paul Gaudillière, Cyril Lemieux, Étienne Wasmer | |
Rapporteurs / Rapporteuses : Jean-Paul Gaudillière, Cyril Lemieux |
Mots clés
Résumé
Cette thèse saisit les « violences interpersonnelles » pour en interroger l’étoffe. Pourquoi et comment, depuis la Quatrième Conférence mondiale sur les Femmes de l’ONU (Pékin, 1995), les « violences interpersonnelles » ainsi dénommées dans la recherche et les politiques publiques sont-elles devenues un problème de santé publique et un objet statistique concernant au premier chef les femmes qui en sont victimes ? Pour répondre, j’éprouve la nature et la solidité de cette définition à la fois sanitaire et statistique des violences interpersonnelles. Je mobilise de nombreuses sources statistiques produites dans les deux décennies passées pour en faire un terrain d’enquête. Je me situe entre la sociologie de l’émergence du problème « violences interpersonnelles » et la sociologie des enquêtes. Pour rendre lisibles les sources quantitatives disponibles depuis vingt ans, je conduis mon analyse en entrant dans leurs motifs cognitifs et dans les dispositifs complexes dont elles sont tissées. Je saisis les discordances criantes entre ces sources et mène une comparaison à plusieurs niveaux pour en tirer des conclusions épistémo-pratiques sur : 1) la manière dont s’engage la cognition à travers les instruments de mesure ; 2) la contribution de l’histoire des catégories statistiques et l’histoire institutionnelle dans laquelle celles-ci prennent place depuis la fin des années 1960. Entre mouvements féministes, enquêtes de victimation et enquêtes de santé, entre utilitarisme et droits humains, les violences interpersonnelles demeurent un objet politique et de recherche fracturé, pour lequel le consensus sanitaire apparent contient de nombreuses incertitudes cognitives et politiques.