Thèse soutenue

Musique arabe, folklore de France ? : musique, politique et communautés musiciennes en contact à Alger durant la période coloniale (1862-1962)

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Auteur / Autrice : Malcolm Théoleyre
Direction : Emmanuelle Loyer
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Histoire
Date : Soutenance le 07/12/2016
Etablissement(s) : Paris, Institut d'études politiques
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale de Sciences Po (Paris ; 1995-....)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Centre d'histoire de Sciences Po (Paris)
Jury : Président / Présidente : Jean-François Sirinelli
Examinateurs / Examinatrices : Emmanuelle Loyer, Didier Francfort, Jonathan Glasser, Omar Carlier
Rapporteurs / Rapporteuses : Didier Francfort, Jonathan Glasser

Résumé

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Dans cette thèse, nous tâchons de démontrer que l’histoire de la musique à Alger entre les années 1860 et l’indépendance ne peut se passer d’une approche en termes de rencontre et de transferts entre les expressions musicales européennes et indigènes. Spectacle vivant et lieu de rencontre, la pratique musicale a été saisie très tôt au cours du XXe siècle comme un moyen de travailler au rapprochement des communautés ; un des principes auquel ont œuvré de nombreux acteurs de la société civile, appuyés de manière croissante par les autorités publiques. Le frottement soutenu entre les différents genres musicaux a contribué à en former et à en consolider les contours, de sorte que la musique dite aujourd’hui « çan‘a » ou « andalouse » d’Alger est le produit d’un dialogue entre Européens et indigènes. Ainsi, entre 1862 et 1962, il est possible de parler de chemin « franco-musulman » parcouru par les musiques d’Algérie ; chemin qui contribue à modeler leur forme et qui révèle que la portée historique de l’indépendance dans le champ musical est aussi limitée que sa force mémorielle est démesurée, quand on considère les discours nationalistes dont les musiques d’Algérie sont aujourd’hui investies. Cependant, le cas musical algérois est peut-être plus significatif dans le champ d’une histoire culturelle de la France : il révèle – contre toute attente ? – qu’en France, le multiculturalisme n’est pas une fonction de l’impérialisme. Considérer un instant qu’Alger n’est pas foncièrement « coloniale » entre 1862 et 1962, reconnaître qu’elle a un temps partagé le destin de l’hexagone et constater qu’elle est un lieu d’application d’une politique culturelle de la diversité interroge le jacobinisme français, dont on répète pourtant à l’envie, qu’il est congénital.