L’Incident du 28 février 1947, dernière bataille de la guerre sino-japonaise ? : legs colonial, sortie de guerre et violence politique à Taiwan
Auteur / Autrice : | Victor Louzon-Benrekassa |
Direction : | Yves Chevrier |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Histoire |
Date : | Soutenance le 01/12/2016 |
Etablissement(s) : | Paris, Institut d'études politiques |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale de Sciences Po (Paris ; 1995-....) |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Centre d'histoire de Sciences Po (Paris) |
Jury : | Président / Présidente : Stéphane Audoin-Rouzeau |
Examinateurs / Examinatrices : Yves Chevrier, Barak Kushner, Françoise Mengin, Ludivine Bantigny | |
Rapporteur / Rapporteuse : Barak Kushner, Françoise Mengin |
Mots clés
Résumé
Cette thèse de doctorat en histoire porte sur l’« Incident du 28 février », la révolte qui agita en 1947 Taiwan contre le pouvoir chinois après que la Chine eut récupéré sur l’île en 1945, après cinquante ans de colonisation japonaise. Cette rébellion, rapidement et très brutalement réprimée, est au cœur des luttes mémorielles qui agitent Taiwan depuis sa démocratisation, l’enjeu étant la légitimité de la souveraineté chinoise sur l’île, et l’identité de cette dernière. L’objet de mon travail est la violence politique, ses modalités et sa genèse. J’analyse l’éruption de violence de 1947 à la lumière de cinquante ans de relations sino-japonaises, en particulier la guerre de 1937-1945. Du côté taiwanais, la révolte s’appuie sur les réseaux et le répertoire d’actions et de symboles développés durant la mobilisation pour l’effort de guerre japonais, tant au niveau des troupes coloniales que des groupes paramilitaires et de jeunesse, sans qu’on puisse pour autant qualifier l’insurrection de pro-japonaise. Le passé colonial, et particulièrement la militarisation de la société taiwanaise qui s’est accompagnée d’une assimilation culturelle intensive, sert de ressource pour l’action politique. La violence employée du côté nationaliste chinois remobilise une riche expérience contre-insurrectionnelle, en particulier celle des années 1930. Son intensité disproportionnée s’explique par la perception de la rébellion comme un acte de guerre prolongeant l’invasion japonaise et déniant à la Chine son statut de vainqueur et de puissance civilisée. Elle solde les comptes de la guerre sino-japonaise à l’échelle locale par victimes interposées et parachève l’épuration des élites coloniales.