Thèse soutenue

De l'exposition professionnelle aux hydrocarbures aromatiques polycycliques Ă  l'estimation du risque de cancers professionnels

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Auteur / Autrice : Pascal Petit
Direction : Anne Maître, Dominique Bicout
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Modèles, méthodes et algorithmes en biologie, santé et environnement
Date : Soutenance le 16/11/2016
Etablissement(s) : Université Grenoble Alpes (ComUE)
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale ingénierie pour la santé, la cognition, l'environnement (Grenoble ; 1995-....)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Techniques de l’ingénierie médicale et de la complexité - Informatique, mathématiques et applications (Grenoble, Isère, France)
Jury : Président / Présidente : Barbara Charbotel
Examinateurs / Examinatrices : Laurence Boulangé
Rapporteur / Rapporteuse : David Vernez, GĂ©rard Lasfargues

Résumé

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Les hydrocarbures aromatiques polycycliques (HAP) constituent une famille de polluants cancérigènes, classés comme prioritaires tant en environnement qu’en milieu professionnel avec près de 1,6 millions de travailleurs exposés en France. L’évaluation des risques sanitaires (ERS) est primordiale mais reste difficile à mettre en place car ces composés sont toujours émis sous forme de mélanges complexes de gaz et de particules dont la composition varie en fonction des sources d’émission.Les objectifs de ce travail sont de caractériser, dans les différents secteurs industriels français, les expositions professionnelles (niveaux de concentration et composition chimique des mélanges) afin d’estimer les risques de cancer liés à ces expositions. Ce travail est réalisé à partir de la base Exporisq-HAP (E-HAP) qui comprend plus de 1700 données d’exposition atmosphérique ainsi que 40 variables explicatives collectées dans 130 entreprises avec la même méthodologie et codées par le même toxicologue depuis près de 20 ans.Pour conduire l’ERS, les données ont été structurées selon deux dimensions (homogénéité et précision de description), permettant de construire des groupes homogènes d’exposition (GHE) et une analyse descriptive du paysage industriel français. En prenant le benzo[a]pyrène (BaP, HAP le plus dangereux) comme indicateur, près de 40% des activités professionnelles (niveau de codage le plus fin de la base) correspondaient à des GHE (écart-type géométrique ≤ 3) mais l’ajout d’un niveau de description supplémentaire a permis d’augmenter ce pourcentage à 87%. Des variabilités importantes des niveaux de concentration, des compositions chimiques des mélanges et des risques encourus (facteur 2 pour les bitumes à 500 pour les fonderies) lors d’une mono-exposition aux HAP (e.g., BaP, naphtalène…) existaient entre et au sein des industries, soulignant l’importance de recueillir le détail des activités effectuées par le salarié pour caractériser précisément les expositions. Dans la seconde étape, les multi-expositions aux HAP ont été analysées en termes de groupes de fonction d’exposition similaire (GFES basés sur plusieurs HAP). Ces fonctions (distributions des concentrations d’HAP) ont été utilisées pour décrire le paysage industriel français aux mélanges d’HAP, construire des marqueurs de la multi-exposition atmosphérique et réaliser l’estimation préliminaire des risques de survenue de cancers. En plus du BaP, le benzo[k]fluoranthène et le benzo[ghi]pérylène sont apparus comme des indicateurs intéressants de la multi-exposition aux HAP cancérigènes, ce qui n’était pas le cas du pyrène (gazeux ou particulaire), du naphtalène ni du phénanthrène. Les GFES étaient constitués de groupes dont l’origine des sources était la même –produits dérivés de pétrole (GFESP) ou de houille (GFESH). Les GFESH (production d’aluminium, de silicium, de produits carbonés, cokeries, fonderies) avaient des niveaux de concentration élevés et un risque important de cancer du poumon (compris entre 1/100 000 à 1/1 000 de risque d’observer un cas additionnel de cancer du poumon) ; ce qui n’était pas le cas des GFESP (émissions moteurs, huiles, combustion, bitume) pour lesquels les risques de cancers sont compris entre 1/100 000 et un sur 1 million de sujets exposés. Les mesures de prévention et de protection sont encore à améliorer dans les GFESH afin de réduire les risques de survenue de cancers.