Thèse soutenue

Construction nationale et revendications linguistiques en contexte minoritaire : le cas des Bunjevci de Bačka (Serbie)
FR  |  
EN
Accès à la thèse
Auteur / Autrice : Chloé Dubois
Direction : Marinette Matthey
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Sciences du langage Spécialité Linguistique Sociolinguistique et Acquisition du langage
Date : Soutenance le 23/09/2016
Etablissement(s) : Université Grenoble Alpes (ComUE)
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale langues, littératures et sciences humaines (Grenoble ; 1991-....)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Laboratoire de linguistique et didactique des langues étrangères et maternelles (Grenoble)
Jury : Président / Présidente : Claudine Moïse
Examinateurs / Examinatrices : Ksenija Djordjević
Rapporteurs / Rapporteuses : Alexandre Duchêne, Jean-Léo Léonard

Mots clés

FR  |  
EN

Résumé

FR  |  
EN

Les Bunjevci sont un petit groupe ethnolinguistique sud-slave qui réside dans la région de Bačka, au nord de la Province de Voïvodine en Serbie, ainsi qu'au sud de la Hongrie voisine. À travers une approche monographique et transdisciplinaire, nous tentons de contribuer à la compréhension des rapports complexes entre langue et identité (ethno)nationale en contexte minoritaire. Les Bunjevci peuvent être considérés, selon l'anthropologue serbe M. Prelić (2007), comme un groupe « à l'identité ethnique controversée ou contestée ». En effet, la question de leur appartenance ethnonationale – notamment leur catégorisation vis-à-vis des autres groupes sud-slaves de la région, Croates et Serbes – fait l'objet de débats depuis plusieurs siècles, dans les sphères politiques et scientifiques. Au cours de l'histoire, ils se sont trouvés en périphérie de divers mouvements d'intégration nationale (hongrois, serbe, croate, yougoslave) qui tendaient à les incorporer. À l'heure actuelle, bien qu'ils soient officiellement reconnus comme l'une des nombreuses « minorités nationales » de Serbie, ce statut leur est formellement dénié, de l'autre côté de la frontière, par les institutions hongroises. Leur existence en tant qu'entité ethnonationale particulière est également explicitement contestée par la Croatie voisine, tout comme par les institutions de la minorité nationale croate en Serbie, qui perçoivent les Bunjevci comme des Croates. Ayant obtenu le statut de « minorité nationale » au début des années 2000, les Bunjevci de Serbie – ou plutôt, les activistes nationaux qui les représentent – amorcent un véritable processus de (re)construction nationale dans lequel un rôle primordial est attribué à la langue. La « langue des Bunjevci » (bunjevački jezik), une variété štokavienne ikavienne (autrefois considérée comme un parler local de la langue serbo-croate), est aujourd'hui placée au centre des revendications de cette minorité et mise en avant comme un des éléments assurant l'individuation des Bunjevci vis-à-vis des Serbes et des Croates.