Connaître les Turcs et l’Empire ottoman en Italie : construction et usages des savoirs sur l’Orient de l’Unité à la guerre italo-turque
Auteur / Autrice : | Marie Bossaert |
Direction : | Gilles Pécout, Daniele Menozzi |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Histoire moderne et contemporaine |
Date : | Soutenance le 30/06/2016 |
Etablissement(s) : | Paris, EPHE en cotutelle avec Scuola normale superiore (Pise, Italie) |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale de l'École pratique des hautes études (Paris) |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Savoirs et Pratiques du Moyen Âge au XIXe siècle (Paris) |
Jury : | Président / Présidente : Nathalie Clayer |
Examinateurs / Examinatrices : Gilles Pécout, Nathalie Clayer, Edhem Eldem | |
Rapporteurs / Rapporteuses : Mauro Moretti, Edhem Eldem |
Mots clés
Mots clés contrôlés
Résumé
Comment et pourquoi étudie-t-on les Turcs dans l’Italie libérale ? Le travail porte sur la construction et les usages des savoirs sur le turc, les Turcs et l’Empire ottoman de l’Unité à la guerre italo-turque de 1911. Cette production est liée à trois phénomènes : l’édification de l’État italien, les transformations de l’Empire ottoman et le développement d’une turcologie savante en Europe et dans l’Empire. À rebours des approches internaliste et saidienne, il s’agit de « désorientaliser » ce savoir en examinant les dynamiques politiques, sociales, économiques et culturelles ayant contribué à son émergence, en partant des acteurs et des pratiques, dans une perspective transnationale. Il s’agit notamment de réintroduire les acteurs ottomans, dont le rôle est crucial. Quatre objets sont privilégiés : la langue, la culture, l’histoire et le territoire. La connaissance de la langue a d’abord une vocation pratique : former du personnel compétent et favoriser les échanges italo-ottomans. Elle présente aussi des enjeux scientifiques, patrimoniaux et politiques. On assiste ainsi à l’émergence d’une turcologie au sein de l’orientalisme savant, lui-même en cours de nationalisation. L’histoire ottomane sert à comprendre le passé italien, au moment où s’élaborent des histoires locales et une histoire nationale. La thèse s’interroge enfin sur l’expérience du terrain. La guerre coloniale de 1911 entraîne un réinvestissement de tous ces savoirs, organisés depuis le tournant du siècle en vue de l’expansion italienne. La turcologie ne contribue donc pas tant à forger une identité turque qu’à comprendre le voisin ottoman pour rendre à l’Italie sa place en Méditerranée.