Le sacrifice sanglant : histoire et anthropologie d'un rite de protection en Tunisie
Auteur / Autrice : | Hamida Trabelsi |
Direction : | Pierre Bonte, Munīraẗ Šābūṭū-al-Ramādī, Tassadit Yacine |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Anthropologie sociale et ethnologie |
Date : | Soutenance en 2016 |
Etablissement(s) : | Paris, EHESS en cotutelle avec Université des lettres, arts et sciences sociales - Tunis I. Faculté des sciences humaines et sociales |
Mots clés
Résumé
En Tunisie, comme dans tout le monde arabophone, les souffrances et les peines sont perçues comme l'effet conjugué de qaḍā' wa qadar (prédestination et destin) et de l'effet des forces surnaturelles nuisibles tels que le mauvais oeil ou les djinns. Les méthodes de prévention sont aussi variées que les sources du mal menaçant. En dehors de la prière et du dou'a (invocations), d'autres moyens variables elon les circonstances peuvent avoir une valeur symbolique voire efficace (les amulettes) ainsi que des rites sacrificiels (sanglants) protecteurs connus sous le nom de dhbīḥa. Ce sang versé aura la vertu d'immuniser contre les accidents, les maladies et tout autre malheur par un pouvoir de protection et de prévention. Cette thèse est une étude de ces rituels de protection, une recherche des origines, de l'évolution et des symboliques de ces sacrifices non dictés par la Sunna. Dans le cadre de ce travail fondé sur des enquêtes anthropologiques menées en Tunisie, (au Sahel tunisien), nous comprenons les pratiques sacrificielles comme étant structurées, et comme ayant un rôle structurant à mettre en évidence. Ces dhbīḥa s'adressent non pas directement à allah, mais à ces intermédiaures, des intercesseurs, wūli, ou encore aux djinns. Vraisemblablement, la finalité est seulement d'apaiser les esprits ou bien d'obtenir l'intercession de leur destinataire auprès d'Allah en faveur du sacrifiant, essentiellement de lui assurer une protection. Nous avons essayé tout au long de ce travail de mettre en évidence la manière dont, à travers ce système, un groupe exprime ses valeurs, sa structure sociale et ses croyances. Dans cette approche, nous considérons les dhbīḥa et par la suite la ''cuisine'' sacrificielle, comme l'instrument d'une expression sociale. En effet, les viandes étant cuisinées et consommées, et notamment offertes, le partage alimentaire semble être au centre des pratiques sacrificielles.