Intuition(s) et rationalité épistémique : une approche pluraliste

• Auteur / Autrice : Julie Fontaine
• Direction : Jérôme Dokic, Claudine Tiercelin
• Type : Thèse de doctorat
• Discipline(s) : Philosophie et sciences sociales
• Date : Soutenance en 2016
• Etablissement(s) : Paris, EHESS
• Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale de l'École des hautes études en sciences sociales
• Jury : Examinateurs / Examinatrices : Jérôme Dokic, Claudine Tiercelin, Anouk Barberousse, Joëlle Proust
• Jury : Rapporteurs / Rapporteuses : Joëlle Proust

Mots clés

Mots clés contrôlés

Justification (épistémologie)

Cognition

Rationalité

Réflexion (philosophie)

Intuition

Mots clés libres

Épistémologie de la vertu

Conservatisme phénoménal

Théorie de la double voie cognitive

Résumé

Est-il rationnel de se fier à son intuition? C'est en quelques mots la problématique de cet essai. Ce problème n'est pas nouveau, mais il reste très actuel. Notamment à cause de récentes études qui indiquent que les intuitions sont parfois influencées par des facteurs qui ne sont pas pertinents. Certains auteurs en ont déduit que le plus rationnel serait de privilégier d'autres stratégies. Ce qui est l'antithèse des propositions défendues dans cet essai. La thèse principale étant qu'il est rationnel de se fier à son intuition, une fois que l'on a pris la peine de définir correctement ce concept, et de préciser les conditions qui font qu'une attitude est rationnelle - au sens épistémique du terme, en particulier. Or, parler d'intuitions peut faire référence à une pluralité d'états, attitudes et compétences distincts. Des phénomènes dont le profil phénoménal permet d'expliquer leur référence commune, mais dont les conditions de validité restent relatives : relatives au type d'environnement impliqué, et à l'individu - ses aptitudes et dispositions cognitives ; ses vertus épistémiques. C'est une approche pluraliste qu'il faut privilégier. Décider, spontanément, de s'en remettre à son intuition relève d'une attitude spécifique: c'est décider d'accorder à un état qui se présente sans raison apparente un minimum de confiance. Une forme de conservatisme phénoménal, qui peut être justifiée. Une approche pluraliste permet d'identifier les contextes où cette stratégie est effectivement la plus rationnelle.

Is it rational to trust one's intuition? Here is the core of the discussion developed in this essay. That issue is not new but still controversial, especially because of recent experiments, whose results indicate that sometimes intuitions are sensitive to irrelavant factors. Some authors conclude that the most rational decision shall be to favor alternative strategies - such as critical reasoning and the appeal to reflection, as a paradigm. Which is exactly the counter-claim of this essay. The main thesis is that it is rational to trust one's intuition, insofar as we correctly define this concept and specify the conditions according to which it makes sense to say that an attitude is rational - from an epistemological viewpoint, especially. For one thing, the term 'intuition' refers to a plurality of states, attitudes, strategies and faculties. These phenomena present a phenomenal profile that explains their common reference, though each one must have specific conditions of validity. These conditions are relative to several factors: they are domain- and task-specific, and one must take into account the nature of the situation at play as well as individual factors - framed in terms of cognitive habits and dispositions, epistemic abilities and virtues. As a result, one must favor a pluralist approach to this issue. Deciding to trust one's intuition is a specific attitude. It means that one is willing to give a state that appears without any reason in support some credit. A pluralist approach enables to identify the contexts in which this kind of phenomenal conservatism is rational.