Thèse soutenue

Le massacre des Innocents : constructions théologiques et usages polémiques (v. 800 - v.1300)

FR  |  
EN
Auteur / Autrice : Axelle Neyrinck
Direction : Dominique Iogna-PratIsabelle Heullant-Donat
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Histoire et civilisations
Date : Soutenance en 2016
Etablissement(s) : Paris, EHESS
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale de l'École des hautes études en sciences sociales
Jury : Président / Présidente : Sylvain Piron
Examinateurs / Examinatrices : Dominique Iogna-Prat, Isabelle Heullant-Donat, Sylvain Piron, Cédric Giraud, Catherine Vincent, Elsa Marmursztejn
Rapporteurs / Rapporteuses : Cédric Giraud, Catherine Vincent

Résumé

FR  |  
EN

« Alors Hérode, se voyant joué par les mages, entra dans une grande fureur et envoya tuer, dans Bethléem et dans tout son territoire, tous les enfants jusqu'à deux ans, d'après l'époque qu'il s'était fait préciser par les mages » (Mt, 2, 16). Ce verset évangélique constitue le seul et unique fondement scripturaire de ce que la tradition chrétienne appelle le « massacre des Innocents ». Cette thèse s'applique à comprendre comment, à partir d'un texte fondateur laconique, le massacre des Innocents est devenu un épisode à part entière du récit de l'Incarnation, puis l'objet de dévotions, et enfin un élément de rhétorique utilisé dans des contextes polémiques. À partir des sources hagiographiques, l'identité des saints Innocents ne peut être appréhendée qu'en partie (première partie). C'est pourquoi on propose de recourir aux sources exégétiques et liturgiques pour comprendre la façon dont le massacre des Innocents, hécatombe d'enfants juifs, a été capté par le christianisme par une interprétation typologique et construit comme épisode préfigurant toutes les persécutions, réelles ou supposées, auxquelles l'Église aurait à faire face (deuxième partie). Les mises en scène et en actes de ce discours sur les Innocents produit par les théologiens relèvent d'usages polémiques et politiques (troisième partie) : le massacre des Innocents, construit dans l'exégèse par la « christianisation » des Innocents et de la figure de Rachel qui leur est associée, devient un élément du discours de dénigrement des juifs à partir du XIIe siècle.