Thèse soutenue

Les travailleuses civiles de France : des femmes dans la production de guerre de l'Allemagne national-socialiste (1940-1945)

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Auteur / Autrice : Camille Fauroux
Direction : Laura Lee Downs
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Histoire et civilisations
Date : Soutenance en 2016
Etablissement(s) : Paris, EHESS
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale de l'École des hautes études en sciences sociales
Jury : Président / Présidente : Fabrice Virgili
Examinateurs / Examinatrices : Laura Lee Downs, Fabrice Virgili, Elizabeth Harvey, Nicolas Hatzfeld, Elissa Mailänder, Gérard Noiriel, Herbert Reinke

Résumé

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Entre 1940 et 1945 près de 80 00 femmes partent de France pour travailler sur le territoire de l'Allemagne national-socialiste. L'emploi massif de travailleurs étrangers en Allemagne s'inscrit dans une stratégie plus large pour augmenter la production de guerre sans déstabiliser l'ordre familial national-socialiste. Du point de vue de Vichy, le recrutement de femmes en France pour l'Allemagne est problématique, car il révèle les contradictions entre la collaboration économique et la restauration de la famille au coeur du projet de la Révolution nationale. Cette thèse s'intéresse aux discours et aux politiques transnationales du travail dans la production de guerre de l'Allemagne national-socialiste et les met en relation avec l'expérience des travailleuses civiles, telle qu'elle se donne à voir dans les archives des ouvrières françaises employées dans l'électroindustrie à Berlin. Elles vivent dans des camps de femmes administrés par les entreprises qui les emploient. Ces camps jouent un rôle fondamental dans la surveillance et la contrainte au travail et empêchent les familles de vivre ensemble. Il en résulte des relations de couple précaires et informelles. Les relations des mères avec leurs enfants sont organisées et surveillées au camp, mais elles deviennent de plus en plus difficiles à maintenir au fur et à mesure de la guerre. Au moment du rapatriement et dans l'immédiat après-guerre, en 1945-1946, les travailleuses civiles font l'objet de représentations négatives mêlant déloyauté politique et sexuelle et sont construites par l'Etat comme une catégorie administrative univoque "les travailleuses volontaires". Ces étapes dessinent pour des décennies les contours de leur silence et de leur prise de parole.