Thèse de doctorat en Histoire et civilisations
Sous la direction de Houari Touati.
Soutenue en 2016
à Paris, EHESS , dans le cadre de École doctorale de l'École des hautes études en sciences sociales .
Le président du jury était Pascal Buresi.
Le jury était composé de Houari Touati, Pascal Buresi, Christine Mazzoli-Guintard, Michel Terrasse, Mercedes Volait.
Cette recherche contribue à un discours dans l'art, rarement abordé, sur les qualités spatiales et sensibles enclines à surgir de l'emploi architectural des belles écritures. L'étude des palais de l'Alhambra expose une véritable expérience physique où la curiosité des visiteurs s'attise devant une mise en scène graphique qui recouvre programme social et mécanisme de mise à l'épreuve visuelle. Considérant des fonctions méconnues (calliphore, métaphore, formant ou agent), l'expérience esthétique de la belle écriture arabe, sa forme et sa raison d'être sont étudiées au prisme de l'histoire sociale, de la phénoménologie esthétique et du domaine des ambiances. L'approche traditionnelle de la simple utilité textuelle est ainsi reléguée pour inscrire la pratique ornementale de l'écrit au sein d'un réseau de relations entre agents et récepteurs. Le travail élucide un ancrage social ainsi qu'une métaphorisation des compositions graphiques renvoyant à l'héritage matériel et immatériel de l'Islam médiéval. L'analyse formelle de ces signes d'identité culturelle livre une approche artistique inédite de la représentation du réel, qui échappe aux restrictions d'une culture méprisant la figuration, et qui construit un champ d'expérimentation visuelle motivant l'engagement esthétique. Une expérience par laquelle le sujet percevant, arabophone ou non arabophone, saisirait le « Genius loci » relatif à l'onirisme de la résidence princière. L'étude défend ainsi l'existence d'une intentionnalité nasride qui œuvrerait à l'élévation d'une architecture susceptible de « faire histoire ». Un récit dont le sens se renouvelle à travers la perception, où l'épigraphie agirait comme intermédiaire.
The epigraphy of the Alhambra : from functional use to aesthetic experience
This research contributes to a rarely broached discourse in the history of art on the spatial and perceptible qualities that stem from the architectural use of calligraphy. The study of the Alhambra palaces describes a real physical experience in which visitors' curiosity is stimulated by the writings' scenography originally conceived as a social program and a tool for visual experimentation. Highlighting underestimated functions, such as metaphor, phenomenological texture or agent, the aesthetic experience of the Arabic epigraphy, its patterns and concepts arc studied in the light of social history, aesthetic phenomenology, and ambiance studies. An emphasis on the place that ornamental practice of writing occupies within a network of relations between agents and perceivers is preferred to the traditional approach centered on a strict textual function. The work argues for a social inscription as well as a metaphorization of the graphic compositions in reference to the material and immaterial heritage of Medieval Islam. The visual analysis of these signs of cultural identity opens a new artistic approach that bypasses the limitations of a culture disadvantaging figurative representation. Nasrid practice creates, rather, a field of visual experience motivating the aesthetic engagement of beholders, Arabs or foreigners: a process, which supports the perception of the residence's "Genius loci ". The study advocates, therefore, the existence of a Nasrid ambition to build a narrative architecture that favors the renewal of key concepts through the visitors' perceptions, by the means of epigraphy's aesthetic mediation.