Thèse soutenue

« Faire avec » les contraintes : l'expérience du politique des conseillers de quartier de Téhéran

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Auteur / Autrice : Aurore Saeidnia
Direction : Michèle Leclerc-Olive
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Sociologie
Date : Soutenance en 2016
Etablissement(s) : Paris, EHESS
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale de l'École des hautes études en sciences sociales
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Institut de recherche interdisciplinaire sur les enjeux sociaux (Paris)
Jury : Président / Présidente : Alban Bensa
Examinateurs / Examinatrices : Michèle Leclerc-Olive, Alban Bensa, Jean-Louis Briquet, Jay Rowell, Assia Boutaleb, H. E. Chehabi, Élise Massicard
Rapporteurs / Rapporteuses : Jean-Louis Briquet, Jay Rowell

Résumé

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Sans présumer en amont d'un « autoritarisme iranien », cette thèse étudie l'expérience du politique des conseillers de quartier de Téhéran à la lumière des processus de normalisation qui organisent en pratique leur participation à la vie publique locale. A partir d'une double enquête ethnographique et conceptuelle, l'analyse montre que les processus de dépolitisation observables n'indiquent pas la fin ou l'absence du politique. Au contraire, leur position hors de l'espace politique institué permet aux conseillers de s'assembler et d'affirmer publiquement leur capacité à parler et à agir. Plus précisément, les conseillers investissent la figure publique et dépolitisée du motamed, au carrefour des multiples registres de légitimation - religieux, révolutionnaires et civiques - de la République islamique, pour revendiquer un droit à parler, à critiquer et à être entendu. A la fois élus, bénévoles et bureaucrates, les conseillers se sont progressivement à définis comme des intermédiaires incontournables dans l'accès et la redistribution des ressources à l'échelle du quartier. En mettant en œuvre des politiques publiques municipales et nationales, ils jouent le rôle d'agents de contrôle social et de disciplinarisation des habitants mais aussi de représentants élus contestant la partition de l'espace social que ces politiques véhiculent. Cette analyse « par le bas » des pratiques de remise en question mais aussi de diffusion des logiques autoritaires éclaire plus largement les transformations et les conflits politiques et sociaux de la société iranienne contemporaine.