Thèse de doctorat en Sociologie politique
Sous la direction de Michel Offerlé.
Soutenue en 2016
à Paris, EHESS , dans le cadre de École doctorale de l'École des hautes études en sciences sociales .
Le président du jury était Yasmine Siblot.
Le jury était composé de Michel Offerlé, Yasmine Siblot, Julien Fretel, François Purseigle, Céline Bessière.
Les rapporteurs étaient Julien Fretel, François Purseigle.
La FNSEA, institution centrale du gouvernement de l'agriculture de l'après-guerre, représente les agriculteurs auprès de l'état, des marchés, des organisations professionnelles agricoles (opa). Cette thèse prend pour objet la fédération départementale de ce syndicat dans l'orne, département regroupant des productions importantes pour la PAC et pour la FNSEA (céréales, lait, viande) et lieu de forts mouvements syndicaux d'oppositions, dans le but d'éclairer les modalités de cette représentation. L’enquête s'appuie sur l'observation de l'activité du syndicat sur plusieurs années, des documents internes, combinées avec une ethnographie de son implantation locale dans deux cantons. L’analyse de l'activité de coadministration, de régulation du marché des terres et du marché du lait montre que le syndicat parvient à maintenir des configurations cogestionnaires auprès des institutions publiques, mais apparait vulnérable face à la libéralisation de marchés, en dépit de sa forte expertise et de son nombre de militants. Dans un contexte de baisse du taux d'adhésion, il tente de développer des services marchands, mais se heurte à la concurrence des autres OPA et à la résistance de son style fondé sur l'interconnaissance et les relations personnalisées. Système institutionne1 de production et de formation de cadres intermédiaires des organisations agricoles, sa capacité à attirer les élites agricoles diminue, à mesure que celles-ci s'orientent vers des systèmes de production à plus haute valeur ajoutée et se détachent des sociabilités agricoles. Ces agriculteurs forment up espace de groupes techniques et commerciaux, dont les syndicats d'opposants apparaissent comme une composante.
FNSEA, the main farmers' union, is a central institution of the government regime of agriculture in postwar France. It represents them vis-à-vis the state, farm commodity markets, and agricultural organizations. In order to the changes in this regime since the 1980s, this study focuses on this union in the Orne departement, in which productions (cereals, milk, meat) are key for the cafe and for FNSEA, and where opposition unions are strong. It is based on the obervation of the activity of the union during several years, an analysis of its working documents, combined with an ethnography of its local roots within two local districts (cantons), and interviews with leaders, members and non-members of the union. We analyze the activities of co-administration, regulation of the farmland market and of the milk market. We show that the union manages to maintain comanagement tools with public institutions, but appears vulnerable to the liberalization of commodity markets in spite of its strong expertise and its large number of members. In order to tackle the decrease in the membership rate, it tries to develop its offer of commercial services, but is limited by strong competition from other agricultural organizations and by its style based on personalized relationships. It produces and trains administrators for the institutions of agriculture, but fails to attract today's elite farmers. These are more interested in systems of production with high added value.