Vie sociale des objets communicationnels dans les marges : une ethnographie de l'ordinaire des technologies de communication dans les bidonvilles de Kibera (Nairobi) et Pikine (Dakar)
Auteur / Autrice : | Edgar Charles Mbanza |
Direction : | Suzanne de Cheveigné |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Sciences de l'information et de la communication |
Date : | Soutenance en 2016 |
Etablissement(s) : | Paris, EHESS |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale de l'École des hautes études en sciences sociales |
Jury : | Président / Présidente : Alain Kiyindou |
Examinateurs / Examinatrices : Marie-Aude Fouéré, Yann-Philippe Tastevin | |
Rapporteurs / Rapporteuses : Alain Kiyindou, Serge Proulx |
Résumé
Ce que nous appelons médias du quotidien (téléphone mobile, audiovisuel domestique et Internet en l'occurrence) dans les ghettos urbains africains constitue un formidable objet de recherche pour qui s'intéresse aux mutations de la communication médiatique. Il nous permet aussi d'éclairer de façon inédite l'imbrication dialectique entre la technologie et la société. A l'aide d'une démarche basée sur l'immersion ethnographique dans la vie enquêtée et la comparaison de deux sites localisés dans des bidonvilles de Kibera (Nairobi) et de Pikine (Dakar), la recherche porte globalement sur l'intégration des acteurs marginalisés dans la modernité technologique. Plus de la moitié de l'Afrique urbaine vit aujourd'hui dans les bidonvilles ; et s'il est souvent avancé que les urbains pauvres sont parmi les plus frappés par la « fracture numérique », ou à l'inverse des bricoleurs inventifs, rares sont les travaux qui explorent empiriquement les « arts de faire » et les modes de présence des technologies dans ces milieux singuliers. Comment les objets technocommunicationnels, dont les propriétés et les modes de circulation ont considérablement changé ces dernières années, s'insèrent-ils au sein de l'« économie morale » de survie? Avons-nous ou non l'émergence d'un « milieu » médiatique « associé » présenté comme un espace de partage participatif contrairement aux technologies des générations précédentes ? Ce travail rappelle l'impérative nécessité de resituer les acteurs marginalisés au centre de l'analyse des cultures contemporaines. Il invite aussi à sortir des « grands partages » dans nos manières de penser les rapports entre le local et le global, la production et la réception.