Changements d'échelles dans la régulation politique de l'économie : Les transformations du secteur vitivinicole en Gironde et en Languedoc Roussillon
Auteur / Autrice : | Romain Blancaneaux |
Direction : | Antoine Roger |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Science politique |
Date : | Soutenance le 06/12/2016 |
Etablissement(s) : | Bordeaux |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Sociétés, politique, santé publique (Talence, Gironde ; 2011-....) |
Partenaire(s) de recherche : | Equipe de recherche : Centre Émile Durkheim - Science politique et sociologie comparatives (Pessac, Gironde) |
Jury : | Président / Présidente : Andy Smith |
Examinateurs / Examinatrices : Marie-France Garcia-Parpet | |
Rapporteur / Rapporteuse : Jacques de Maillard, William Genieys |
Mots clés
Résumé
Cette recherche vise à saisir les conditions d’émergence, de stabilisation et de déstabilisation de l’organisation de la vitiviniculture instituée en France dans la première moitié du XXe siècle. Au cours de cette période, l’État accorde aux Appellations d’Origine Contrôlée (AOC), érigées en modèle d’excellence et de rareté, le pouvoir de contrôler leur propre réglementation, tandis qu’il place sous sa tutelle les autres catégories de vin, établies en problème public en raison d’une surproduction chronique. Mais l’intégration européenne, dès les années 1970, s’accompagne d’un changement d’échelle réglementaire et de nouvelles régulations politiques sectorielles. Dès lors, et contre toute attente, les vins d’AOC sont graduellement concurrencés, en prix et en réputation, par ceux qui étaient autrefois les moins valorisés. Nous montrons historiquement que la forte indépendance des vins d’AOC, d’une part, et la dépendance des autres vis-à-vis des autorités, de l’autre, ont posé les conditions de ce bouleversement. La Gironde et le Languedoc-Roussillon, territoires administrativement différents, mais structurellement dominants à l’échelle nationale, constituent deux terrains d’observation appropriés. Les deux conceptions vitivinicoles qui divisent la vitiviniculture nationale s’y sont développées de façon emblématique. Les syndicats qui en ont été les fers de lance ont noué des relations asymétriques avec les autorités. L’entrée en vigueur de la réglementation communautaire les a alors atteints différemment, de sorte que des évolutions en ciseau ont été enregistrées. Sur cette base, la thèse engage une problématique de portée générale. Le cas de la vitiviniculture permet d’interroger dans la longue durée l’incidence des changements d’échelles sur la régulation politique de l’économie. En articulant des schémas d’analyse et des outils fournis par la science politique et la sociologie économique, la démonstration livrée permet de préciser les conditions dans lesquelles une politique publique (nationale puis communautaire) en arrive à déstabiliser les conduites économiques sans que ce résultat ait été visé ni même anticipé.