Thèse soutenue

La question du solipsisme dans les premiers travaux de Sartre et Wittgenstein

FR  |  
EN
Auteur / Autrice : Timur Uçan
Direction : Emmanuel BermonRupert J. Read
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Philosophie
Date : Soutenance le 23/09/2016
Etablissement(s) : Bordeaux 3 en cotutelle avec University of East Anglia
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Montaigne-Humanités (Pessac, Gironde ; 2007-....)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Sciences, Philosophie, Humanités (Bordeaux)
Etablissement d'accueil : University of East Anglia
Jury : Président / Présidente : Oskari Kuusela
Examinateurs / Examinatrices : Katherine J. Morris, Jean-Philippe Narboux
Rapporteurs / Rapporteuses : Oskari Kuusela, Katherine J. Morris

Résumé

FR  |  
EN

Le solipsisme a été thématisé comme un préalable pour fonder la connaissance au dix-septième siècle. Cette doctrine suggérait, qu’en vue de la certitude, il fallait admettre transitoirement la concevabilité d'un doute portant sur l'existence du monde extérieur en totalité et des autres esprits. L'existence du monde extérieur a pu ainsi être tenue pour établie à l'occasion de preuves de l'existence d'un créateur unique ou tenue pour assurée à l’aide d'une déduction transcendantale. En comparaison, rien ne semble pouvoir prouver l'existence des autres. D'une part, rien ne semble compter comme une preuve a posteriori de l'existence d’autrui, puisque ce doute ne peut s'appuyer sur l'expérience. D'autre part, une preuve permettant de lever ce doute ne peut être produite a priori, puisque l'absence empirique généralisée des autres est concevable a posteriori. Ainsi, rien ne semble exclure la possibilité d'une découverte a priori de son unicité. Cette thèse entreprend de mettre au jour le traitement de cette difficulté par Sartre et Wittgenstein. Les deux philosophes se sont confrontés à l'illusion de confinement qui est le corollaire de l’admission, à titre de possibilité pertinente, de l'absence généralisée des autres esprits. Sartre propose dans L'être et le néant une preuve conceptuelle de l'existence d'autrui pour montrer que ledit problème théorique de l'existence d'autrui est un faux-problème, tandis que Wittgenstein propose dans le Tractatus de dissoudre les problèmes philosophiques de l'existence du monde extérieur et des autres esprits par le biais d'une réflexion sur les conditions d'intelligibilité de l'expression. Dans les deux cas, il s'agit de dissiper l’apparence d’un doute portant sur le monde en totalité et du même coup sur les autres esprits. Non seulement une preuve de l'existence d'autrui est impossible, mais elle est en plus superflue. Ainsi, requérir une telle preuve ne peut que conduire à manquer l’obviété de nos engagements envers les autres, et par là au déni de leurs existences.