Thèse soutenue

Julien Gracq, texte et sexe : lecture d'une aporie érotique

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Auteur / Autrice : Christelle Defaye
Direction : Éric Benoit
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Littératures française, francophones et comparée
Date : Soutenance le 30/08/2016
Etablissement(s) : Bordeaux 3
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Montaigne-Humanités (Pessac, Gironde ; 2007-....)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Textes, littératures, écritures et modèles (Pessac, Gironde)
Jury : Président / Présidente : Patrick Marot
Examinateurs / Examinatrices : Éric Benoit, Anne-Yvonne Julien, Philippe Baudorre
Rapporteurs / Rapporteuses : Patrick Marot, Anne-Yvonne Julien

Résumé

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Lire une fiction gracquienne s’apparente à l’expérience du ravissement amoureux. Etre lecteur de Gracq, c’est accepter d’être ravi, capturé et enchanté tout à la fois. La dépossession herméneutique à laquelle le texte gracquien nous convie relève de l’expérience érotique. Présent comme thème, mais secondaire, mince, intermittent, l’érotisme semble exister dans le profil perdu du texte. Son cadre posé et aussitôt évidé de sa substance fait disparaître la scène sexuelle sous les yeux du lecteur-voyeur, dont l’attente est déjouée. La fiction organise l’escamotage du sexe, relançant sans cesse le désir à l’échelle du récit et de la lecture. L’imaginaire érotique, stéréotypé et obsessionnel, consacre sa présence-absence à la croisée de trois impossibles : le sexe, la femme, la mort. L’érotisme gracquien est donc bien un vide autour duquel tourne le lecteur et que cerne l’écriture. Aporétique, la voie de l’érotisme ? Ce n’est pas qu’elle ne mène à rien chez Gracq, c’est que le lecteur est invité à progresser dans cette aporie, à y digresser. L’érotisme est toujours déplacé, enfoui dans le palimpseste du paysage. Du dé-cor(ps) au corps à corps avec les mots, c’est l’usage de la langue qui est érotisé chez Gracq : il ne représente pas le sexe ; il le figure dans le texte, jusqu’à la jouissance et sous les yeux du lecteur, cet Autre. Dans l’œuvre de Julien Gracq, l’enjeu libidinal de la littérarité est de taille : l’érotique gracquienne transfigure la chair en chaire : du sexe au texte, l’auteur adopte une posture de séduction ; le texte fait écran entre lui et l’Autre qu’est le lecteur. Le sexe est devenu texte, limen, frontière, entre-deux irréductible, il est devenu l’hymen, espace de touche entre soi et l’autre ; la rencontre, pourtant représentée comme impossible, peut alors s’opérer.