Thèse soutenue

Représentations de l'homme immobile : inaction et réclusion dans la littérature occidentale des XVIIIe et XIXe siècles
FR  |  
EN
Accès à la thèse
Auteur / Autrice : Jérémy Chateau
Direction : Gérard PeyletOdile Gannier
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Littératures française, francophones et comparée
Date : Soutenance le 04/07/2016
Etablissement(s) : Bordeaux 3
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Montaigne-Humanités (Pessac, Gironde)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Cultures, Littératures, Arts, Représentations, Esthétiques (Pessac, Gironde)
Jury : Président / Présidente : Michel Viegnes
Examinateurs / Examinatrices : Gérard Peylet, Odile Gannier, Thomas Klinkert, Bernadette Rigal-Cellard
Rapporteurs / Rapporteuses : Michel Viegnes, Thomas Klinkert

Résumé

FR  |  
EN

Entre le XVIIIe et le XIXe siècle, la littérature européenne redéfinit fondamentalement son rapport au récit de voyage : les notions d’apprentissage et de formation, telles qu’elles apparaissent au temps des Lumières et du Bildungsroman, s’érodent et laissent peu à peu la place à des variations excentriques ou parodiques. En 1795, le Voyage autour de ma chambre de Xavier de Maistre exalte ainsi les vertus didactiques d’une réclusion contemplative. La mode du récit de voyage voit ainsi lui succéder, d’une part, des excursions sans profit pédagogique, et, d’autre part, des retraites riches en enseignement, malgré l’abolition de toute trajectoire physique. À la suite de Xavier de Maistre, plusieurs dizaines d’imitateurs composent à leur tour un répertoire peu exploré de la littérature française : le voyage de chambre. Après les révolutions qui frappent l’Europe et l’Amérique à la fin du XVIIIe siècle, un nouveau modèle de personnage, l’homme immobile, émerge ainsi dans la littérature. Caractérisé par sa présence problématique dans une société en pleine mutation, il occupe l’espace narratif en spectre, refusant de s’engager dans l’action tandis qu’il explore les nouvelles possibilités de vie dans un espace privé. Des textes essentiels de la littérature du XIXe siècle abordent ainsi, sur un mode euphorique ou dysphorique, ces nouvelles modalités narratives : la fiction américaine de la Nouvelle-Angleterre relate la pénible transition d’un âge spirituel vers un âge politique, caractérisée par un climat léthargique qu’observent avec stupeur, tour à tour, Charles Brockden Brown, Washington Irving, Edgar Allan Poe, Nathaniel Hawthorne ou Hermann Melville. Dans les marges de cette littérature inquiète, le mouvement transcendantaliste propose un retour heureux à la solitude. En France, À rebours de Joris-Karl Huysmans, à travers l’opiniâtreté dont témoigne l’auteur dans sa quête éperdue de l’unité, demeure sans doute l’œuvre quintessentielle parmi l’ensemble des récits de réclusion.