Thèse soutenue

L'expressivité de l'intime sur les dispositifs du web : processus de la subjectivité et machinations contemporaines

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Auteur / Autrice : Sandra Lemeilleur
Direction : Alain Mons
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Sciences de l'information et de la communication
Date : Soutenance le 22/06/2016
Etablissement(s) : Bordeaux 3
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Montaigne-Humanités (Pessac, Gironde ; 2007-....)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Médiation, Information, Communication, Art (Pessac, Gironde)
Jury : Président / Présidente : Anne Beyaert-Geslin
Examinateurs / Examinatrices : Alain Mons, Jacques Ibanez Bueno, Fabien Liénard, François Laplantine
Rapporteurs / Rapporteuses : Jacques Ibanez Bueno, Fabien Liénard

Résumé

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L’expressivité de l’intime dans le Web prend trois formes : normée, cachée/montrée et échappée. Chacune a une fonction spécifique, celle de répondre aux injonctions des dispositifs de pouvoir, celle de gérer les liens affectifs et celle qui nous est toujours inconnue. La contextualisation de nos modes d’existence tant dans les rapports au public et au privé que dans la vie professionnelle, fait émerger le passage d’une société réflexive à une société expressive où le sensuel se distingue clairement du sexuel et l’intime de l’intimité. Ces clivages façonnent l’expressivité de l’intime. Il devient un concept interstitiel. Il lie en son sein intériorité la plus profonde et sa forme théâtralisée afin de permettre que s’établisse le lien à l’autre dans des jeux de caché-montré et d’échappé. L’intime à lire sur Facebook ou sur les sites de rencontres fonctionne comme une norme d’échange dans des jeux de dons et de contre-dons : « Si je suis capable de jouer à l’intime et si toi, aussi, tu en es capable, nous pouvons être plus proches. » L’échange de banalités ou le partage des mythes de l’amour sont au service de ce jeu. L’usage du fake, de l’humour et du supposé secret sont des stratégies qui indiquent qu’une maîtrise des enjeux de l’intime est à l’œuvre. Par ailleurs, le corps virtualisé devient un corps spectral, ancillaire de la production de subjectivité répondant à la quête sans fin d’un Corps sans Organes. La diffusion d’une photo de corps sur le Web fait la preuve de son existence et de son unité. Si bien qu’il ne disparaît pas dans le Web car c’est la chair qui s’absente. Cette perte serait l’origine de l’expressivité de l’intime dans sur les réseaux pour la compenser. Chair de mots contre chair de corps. Ce processus communicationnel devient relationnel et poursuit le flux de la production de subjectivité. Souvent limitée dans ses capacités d’énonciation par le danger de la normalisation de l’intime, cette production paraît inopérante car les agencements de désirs semblent, dans ces sites, préfabriqués. Ce moule diffusé, n’empêche aucunement la subjectivité de produire de nouveaux agencements qui seront à leur tour repris par les dispositifs. La subjectivité de plus en plus oppressée jusque dans l’intime trouve de nouvelles voix à sa resingularisation. Il existe alors des liens entre progrès des sociétés démocratiques et développement de défenses perverses utilisant l’intime comme monnaie d’échange et moins comme un gage d’intériorité.