Miroir familial et agirs sexuels violents d'adolescents : intérêt d'une clinique évaluative
Auteur / Autrice : | Alexandra Bernard |
Direction : | Patrice Cuynet |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Psychologie |
Date : | Soutenance le 04/11/2016 |
Etablissement(s) : | Besançon |
Ecole(s) doctorale(s) : | Ecole doctorale Langages, Espaces, Temps, Sociétés (Besançon ; 1991-2016) |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Laboratoire de Psychologie (Besançon) - Laboratoire de Psychologie |
Jury : | Président / Présidente : André Mariage |
Examinateurs / Examinatrices : Patrice Cuynet, André Mariage, Pascal Roman, Jean-Pierre Pinel, Monique Tardif | |
Rapporteur / Rapporteuse : Pascal Roman, Jean-Pierre Pinel |
Mots clés
Mots clés contrôlés
Résumé
Il est communément admis par les cliniciens tenant au modèle psychodynamique, qui ont entrepris des démarches d’exploration intrapsychique, que l’adolescent engagé dans des agirs sexuels violents présente un réaménagement psychique paradoxal des liens à ses figures parentales et un blocage de son processus de séparation-individuation.Il n’existe pas de recherches qui se soient spécifiquement intéressées à l’étude de facteurs facilitateurs/où empêcheurs du processus de séparation-individuation chez ces adolescents, alors que l’agir sexuel violent est pensé inscrit dans un continuum développemental spécifique à la période de l’adolescence. Il y aurait ainsi une nécessité à élargir l’angle de vue de la problématique. Un facteur, qui pourtant présente une grande influence sur le processus de séparation-individuation de l’adolescent à cette période, a pour l’instant peu été investigué : il s’agit de la capacité psychique inconsciente du groupe familial à offrir un espace de séparation-individuation durant cette phase de développement.L’hypothèse de cette recherche est que le blocage constaté chez ces adolescents, pourrait être en lien avec une difficulté plus globale du groupe familial auquel il appartient, à effectuer de son côté, ce travail psychique de séparation, auquel il est convoqué en parallèle à cette phase de développement. En appui sur les concepts psychodynamiques et psychanalytiques familiaux de « position dépressive familiale » (Roman, 1999), de « miroir familial » (Cuynet, 2001, sur notre proposition pour l’adolescence, Bernard, 2016) et « d’image inconsciente du corps familial » (Cuynet, 2005, 2010), nous avons élaboré un dispositif clinique d’évaluation pour évaluer cette dimension spécifique de la séparation au sein du groupe familial. Ce dispositif comprend des entretiens semi-dirigés avec le recours à des épreuves projectives familiales telles que « l’épreuve de génographie projective familiale » (Cuynet, 2001) et « l’épreuve du dessin de la maison de rêve » (Cuynet, 2005). A partir de la rencontre de sujets adolescents présentant cette problématique avec leur famille, le dispositif d’évaluation a été expérimenté, et la dimension de séparation évaluée. Les résultats de cette recherche, par la constitution d’études de cas approfondies, dans un esprit de recherche initiale qualitatif, ont mis en évidence l’intérêt de la réalisation d’un tel dispositif pour l’étude de la dimension de la séparation mais aussi pour la constitution d’hypothèses élargies de la compréhension de la problématique et du passage à l’acte des jeunes suivis. Les analyses de l’ensemble des études de cas montrent la difficulté pour le groupe familial à offrir un espace de différenciation pourtant nécessaire à cette période pour l’adolescent et répondent en faveur de la validation de l’hypothèse de cette recherche. La prise en compte de l’état de la position dépressive familiale du groupe, et du miroir familial ainsi constitué et de leur mise en travail, pourraient être des facteurs considérés comme leviers thérapeutiques pour favoriser l’évolution psychique de ces adolescents. Ils pourraient constituer également une piste de travail nécessaire dans la lutte contre la transmission transgénérationnelle fréquemment repérée dans cette problématique.