Thèse soutenue

Le Kponingbo des Azande : patrimoine musical dans une organisation socioculturelle singulière

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Auteur / Autrice : Simon Mondo Mumbanza
Direction : Apollinaire Anakesa Kululuka
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Musicologie, option Ethnomusicologie
Date : Soutenance le 26/02/2016
Etablissement(s) : Antilles
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Milieu insulaire tropical : dynamiques de développement, sociétés, patrimoine et culture dans l'espace Caraïbes-Amériques (Pointe-à-Pitre)
Jury : Examinateurs / Examinatrices : Didier Demolin, Nathalie Fernando, François Picard

Mots clés

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Mots clés contrôlés

Mots clés libres

Résumé

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On peut se demander, par exemple, comment, alors qu’en Afrique, les gens manifestent souvent une préférence remarquable pour leurs propres musiques, le kponingbo des Azandé peut-il susciter une telle admiration de la part d’autres populations, d’une part, et de l’autre, comment les Azandé restent-ils si attachés au kponingbo au point de lui vouer une sorte de culte ? Par ailleurs, dans la région de l’Afrique centrale, les jeunes se sont accommodés des modèles nés au contact avec l’Occident. Comment se fait-il que, chez les Azandé, jusqu’au XXIe siècle, les jeunes sont plutôt demeurés fermés aux apports extérieurs, au profit du kponingbo? Comment expliquer que des personnes chantant ensemble fassent entendre simultanément des paroles différentes ? Quelle est la signification réelle des principes de « contextualisation », d’« appropriation », de « libre exécution » et la « politique de l’araignée », comment se traduisent-ils dans la réalisation vocale et instrumentale du kponingbo ? Quels sont les musiciens qui ont marqué l’histoire du kponingbo ? La musique instrumentale du kponingbo consiste à matérialiser des mélodies vocales, comment sont constituées celles-ci et comment les exécutants azandé les réalisent-ils ? Comment, enfin, trois musiciens jouant d’un même instrument conçoivent-ils la construction de leur musique ? Tout porte à croire que les Azandé restent très attachés au kponingbo parce que celui–ci a marqué l’enfance de la plupart d’entre eux dans un contexte musical monopolistique. Quant à l’intérêt manifesté par les populations non-azandé au kponingbo, il se justifierait par le fait que cette musique renferme des caractéristiques spécifiques attrayantes. Car, il apparaît à première vue que tous les paramètres mis ensemble : la thématique des chants, les caractéristiques métriques, rythmiques et mélodiques de leurs éléments constitutifs, la taille du répertoire, la danse, la pratique vocale et instrumentale, la musique du kponingbo constitue un patrimoine d’une richesse intrinsèque. Cette richesse semble être essentiellement entretenue par le dynamisme de son répertoire et l’engagement des exécutants qui y déploient leur talent tout en appliquant les principes culturels qui président à la pratique de cette musique.Mon choix pour l’étude du kponingbo est motivé par sa spécificité en tant que catégorie musicale. Celle-ci n’a, jusqu’ici, jamais fait l’objet d’une exploration satisfaisante. L’unique travail qui lui a été consacré par Fabrice Marandola (1991) ne concerne que son aspect instrumental, lequel n’a, du reste, été traité que partiellement. Dans son livre, Simha Arom (1985) a analysé deux pièces instrumentales du kponingbo sans en fournir les informations y afférentes. En effet, à l’absence des données ethnologiques sur cette musique, et vu le peu d’intérêt pour les modèles vocaux dont sont issues les pièces analysées, aucun de ces travaux ne pouvait satisfaire la curiosité d’un lecteur quant à la connaissance du kponingbo. Si du point de vue organologique, Olga Boone a pu fournir des informations intéressantes, le kponingbo demeure, à ce jour, un mystère sur les plans historique, ethnologique, thématique et technique. Voilà pourquoi je me suis attelé à cette thèse à travers des démarches analytiques et quelques objectifs qui suivent.Situer géographiquement les Azandé, identifier les conditions socioculturelles dans lesquelles est joué le kponingbo et trouver une explication à leur attachement indéfectible à cette musique.Savoir comment les principes prônés par la société contribuent-ils au succès du kponingbo.Etudier le kponingbo sous divers aspects et mettre en évidence les caractéristiques particulières expliquant l’intérêt qu’il revêt aux yeux des Azandé et des populations avoisinantes.