De la transmission des pratiques traditionnelles culturelles à la Martinique : les cas du bèlè et de la yole ronde : analyses anthropologique et linguistique dans une perspective didactique
Auteur / Autrice : | Karen Tareau |
Direction : | Raphaël Confiant |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Langues et cultures régionales |
Date : | Soutenance le 09/11/2016 |
Etablissement(s) : | Antilles |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Milieu insulaire tropical : dynamiques de développement, sociétés, patrimoine et culture dans l'espace Caraïbes-Amériques (Pointe-à-Pitre) |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Centre de recherches interdisciplinaires en lettres, langues, arts et sciences humaines (Schoelcher, Martinique) |
Jury : | Examinateurs / Examinatrices : Max Bélaise, Roger Somé, Dumenica Verdoni, Dominique Groux |
Résumé
La langue et la culture sont habitées par le concept de transmission intergénérationnelle et transgénérationnelle. De ce fait, les transmissions culturelle et linguistique sont inhérentes à tous les peuples et à toutes les sociétés. Toutefois, les modalités de celles-ci diffèrent en fonction des générations et des territoires. La Martinique est un département français d’Outre-Mer qui ne se serait pas débarrassée des affres de la colonisation. Ancienne colonie française, son passé esclavagiste remet en cause le système éducatif en vigueur actuellement. Le passage brutal d’une société traditionnelle à une société moderne n’est en fait qu’une acculturation de la langue et de la culture créoles et une assimilation à la langue et la culture françaises. Ce phénomène a provoqué une culture de résistance qui s’apparente à celle des mornes au temps de la société de plantation. Les pratiques culturelles traditionnelles témoignent de certaines formes de résistance : le bèlè est à la fois une danse et une musique datant de la période coloniale ; tandis que la yole ronde est une pratique datant de la société postcoloniale. Devenues emblématique à la Martinique, ces pratiques ont été les supports de revendications de la culture martiniquaise. Elles sont sujettes aujourd’hui à une réappropriation ; ce qui entraîne une modification de leurs modes de transmission et des agents en charge de celle-ci. Deux modalités subsistent à la Martinique : une transmission informelle qui relève de l’éducation traditionnelle et une transmission formelle dont la codification est celle de la société moderne. Se pose dès lors la problématique de la transmission. Une certaine logique analytique démontre à l’évidence que le bèlè et la yole ronde s’acquièrent par mimétisme en zone rurale et s’apprennent au sein de l’Éducation nationale et des associations. Il en est de même pour la langue créole : celle-ci demeure une langue maternelle pour certains, par la voie de l’acquisition ou évolue comme langue seconde pour d’autres, par la voie de l’apprentissage. En outre, transformer une langue de l’oral à une langue de l’écrit entraîne une perte dans le processus de transmission. Il en est de même pour les pratiques traditionnelles. Toutefois, toute perte implique une réappropriation de la langue et de la culture. Ainsi, tant au niveau de la langue que des pratiques traditionnelles, de nouvelles formes langagières et linguistiques tentent de se généraliser par le biais de l’évaluation formelle. Ces nouveaux modes d’expression semblent moderniser des pas (de danse), des gestes (techniques) et mettre en exergue des particularités lexicales, syntaxiques et sémantiques qu’il convient d’adapter au Cadre Européen Commun de Référence pour les Langues (CECLR). La transmission devient dès lors un concept de la traditionnalité dans un monde moderne et modernisé. Il concerne en fin de compte tous les agents : qu’ils relèvent de l’éducation traditionnelle que de l’éducation moderne.