Thèse soutenue

Figures et imaginaires de la réussite sociale à Yaoundé : les enjeux moraux d’un débat public

FR  |  
EN
Auteur / Autrice : Emmanuel Galland
Direction : Jacky Bouju
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Anthropologie
Date : Soutenance le 23/11/2016
Etablissement(s) : Aix-Marseille
Ecole(s) doctorale(s) : École Doctorale Espaces, Cultures, Sociétés (Aix-en-Provence)
Partenaire(s) de recherche : Equipe de recherche : Institut des mondes africains (France ; 2014-....)
Jury : Président / Présidente : Rémy Bazenguissa
Examinateurs / Examinatrices : Olivier Leservoisier, Jean-Bernard Ouedraogo
Rapporteurs / Rapporteuses : Mirjam De Bruijn, Marc-Éric Gruénais

Résumé

FR  |  
EN

Les citadins camerounais expriment un sentiment de traverser une époque de « crise morale » en ce qui concerne la réussite sociale. Un ensemble de représentations et d’imaginaires associent la réussite à la dénonciation d’une dépravation des mœurs. La critique de ses formes « dévoyées » porte tout autant, et simultanément, sur une dénonciation de la corruption, du népotisme, de l’arnaque et du simulacre, de l’homosexualité et de formes de sexualité jugées scandaleuses, que des « sectes » et des « cercles » occultes, du « mysticisme », des « crimes rituels » et de toute une palette de pratiques rattachées aux imaginaires de la sorcellerie et de l’occulte. Cette thèse explore les enjeux liés à ce constat. L’observation des pratiques et du sens émique de différents groupes sociaux urbains montre qu’il existe plusieurs faisceaux de normes, de valeurs et d’affects pour penser, juger et légitimer la réussite sociale. Un principe d’opposition ressort entre, d’un coté, une économie morale de la facilité fondée sur la rapidité et la déconnexion du travail productif, et de l’autre coté, une économie morale du mérite articulée à la reconnaissance de la valeur du travail, du talent ou de la compétence. Cette opposition structure nombre d’enjeux moraux qui remettent en situation les discours de dénonciation des acteurs. Par leur travail critique, ceux-ci construisent sur différentes scènes, des « fléaux », des problèmes sociaux et des « causes » politiques relatives aux manières de s’enrichir et de réussir, dont l’expression la plus spectaculaire est peut-être la survenance au cours des dernières années de grandes « affaires » qui agitent l’espace public et politique camerounais.