Raconter le haschich dans l’époque mamelouke : étude et édition critique partielle de la Rāḥat al-arwāḥ fī l-ḥašīš wa-l-rāḥ de Badr al-Dīn Abū l-Tuqā al-Badrī (847-894/1443-1489)
Auteur / Autrice : | Danilo Marino |
Direction : | Aboubakr Chraïbi, Francesca Maria Corrao |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Littérature et Société |
Date : | Soutenance le 29/05/2015 |
Etablissement(s) : | Sorbonne Paris Cité en cotutelle avec Università degli studi di Napoli "L'Orientale" |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Langues, littératures et sociétés du monde (Paris) |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Centre de Recherches Moyen-Orient Méditerranée / CERMOM EA 4091 |
établissement de préparation : Institut national des langues et civilisations orientales (Paris ; 1971-....) | |
Jury : | Examinateurs / Examinatrices : Aboubakr Chraïbi, Francesca Maria Corrao, Antonella Ghersetti, Kadhim Jihad Hassan |
Mots clés
Résumé
Dans cette étude nous cherchons à explorer le lien entre haschich et humour par l'analyse du corpus des récits arabes contenus dans la Rāḥat al-arwāḥ fī l-ḥašīš wa-l-rāḥ (“Le repos des âmes dans le haschich et le vin”) de Badr al-Dīn Abū l-Tuqā al-Badrī (847-894/1443-1489). L'originalité de cette anthologie qui existe en quatre manuscrits dont seulement deux étaient connus à la critique, découle du fait qu'elle est le plus ancien recueil en langue arabe de textes en prose et en vers inspirés du haschich. Dans la première partie, nous abordons le haschich d'un point de vue historique, médicale et juridico-religieux. Longtemps utilisé en médicine et pour la fabrication de cordes et tissus, on ignore quand le cannabis (qinnab) est passé de médicament à substance enivrante et récréative. Cependant l’utilisation de cette herbe était devenue un problème social, si entre le VIIe/XIIIe et le VIIIe/XIVe siècle plusieurs oulémas y consacrèrent des écrits, tant qu'ils l'incluront dans la liste des munkarāt, (les choses blâmables, défendues), à côté du vin (ḫamr), de la fornication (zinā) et de l’homosexualité (liwāṭ). Parallèlement, la littérature n’a pas manqué de représenter l’expérience de psychotropes. Et c'est autour des enjeux littéraires soulevés par cette substance que nous centrons la deuxième partie de notre travail. Par l'étude d'un certain nombre de motifs nous montrons que le personnage du ḥaššāš fonctionne comme un «catalyseur thématique» des motifs littéraires auparavant associés aux ivrognes, aux stupides ou aux fous. L’ordre que nous avons suivi est: la méprise, la stupidité et folie, le rapport au rêve et à l’imaginaire et l'avidité. Nous concluons sur le fait que le passage à la littérature du motif du mangeur de haschich représente le processus de cristallisation d’une figure narrative à potentiel fortement humoristique, née dans la première époque post-abbasside et dérivée d’une série de matériaux narratifs attribués auparavant à d’autres figures littéraires.