Thèse soutenue

L' art de la dérive dans l'œuvre romanesque d'Aragon

FR  |  
EN
Auteur / Autrice : Emmanuelle Cordenod-Roiron
Direction : Nathalie Piégay
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Histoire et sémiologie du texte et de l'image
Date : Soutenance en 2015
Etablissement(s) : Sorbonne Paris Cité
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Langue, littérature, image, civilisations et sciences humaines (domaines francophone et anglophone) (Paris ; 1992-....)
Partenaire(s) de recherche : autre partenaire : Université Paris Diderot - Paris 7 (1970-2019)
Jury : Président / Présidente : Jean-François Louette
Examinateurs / Examinatrices : Daniel Bougnoux
Rapporteurs / Rapporteuses : Mireille Hilsum

Résumé

FR  |  
EN

Une force anarchique traverse les romans d'Aragon, de façon surprenante chez un auteur dont on se rappelle en particulier la soumission à son parti. Dans ce vaste ensemble de démesure et de liberté textuelles, nous avons découvert un phénomène d'écriture original, puisque sans exemple littéraire : par moments, la plume d'Aragon s'emporte selon un mouvement propre —travaillé, tant la prose devient éblouissante — sans principe directeur, de façon purement expressive — au contraire, donc, des digressions par nature explicatives. Ces passages que ni Aragon, ni la critique n'avaient rapprochés, nous les avons appelés dérives, car seule cette image aragonienne pouvait en rendre compte au plus juste. Ces dérives se révèlent être de véritables épiphanies de l'auteur lui-même, ouvrant secrètement le roman à un roman lyrique de soi. Loin de l'éclatement du moi qu'on aurait pu attendre, Aragon se retrouve au contraire lorsqu'il dérive, ce qui explique l'unité saisissante — de forme comme de contenu — des dérives entre elles, et la permanence du phénomène dans ses romans, à des degrés divers. Notre auteur jubile à exprimer une face cachée de lui-même, tout en SE rendant en définitive insaisissable. Le romancier et le poète se trouvent ainsi réunis, mais de façon inédite, au-delà de chacun des deux genres, la dérive n'apparaissant pas dans la poésie. Nous commençons par délimiter la notion par comparaison avec les formes a priori connexes de la digression, de l'écriture automatique et de l'écriture associative. Puis ce sont les enjeux de la dérive que nous analysons, en considérant successivement la narration, la composition et la réception des romans