Thèse soutenue

Signatures chimiques et isotopiques de la magnétite des bactéries magnétotactiques

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Auteur / Autrice : Matthieu Amor
Direction : François GuyotVincent Busigny
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Sciences de la Terre, Environnement et des Planètes
Date : Soutenance en 2015
Etablissement(s) : Sorbonne Paris Cité
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Sciences de la terre et de l'environnement et physique de l'univers (Paris ; 2014-....)
Partenaire(s) de recherche : autre partenaire : Université Paris Diderot - Paris 7 (1970-2019)

Résumé

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Les bactéries magnétotactiques représentent l’unique cas identifié de biominéralisation contrôlée de la magnétite chez les procaryotes. Elles possèdent la capacité de former des nanoparticules de magnétite intracellulaires, de façon génétiquement contrôlée. Bien que ces bactéries soient ubiquistes dans les environnements actuels, il est très difficile d’identifieravec certitude leurs traces dans les formations géologiques anciennes. Leur identification permettrait de mieux contraindre l’évolution de la vie et des processus de biominéralisation au cours des temps géologiques. Dans cette étude, nous avons exploré les propriétés chimiques etisotopiques de la magnétite des bactéries magnétotactiques pour permettre leur identificationdans le registre fossile. Les analyses chimiques et isotopiques nécessitant une masse demagnétite importante, la première étape de ce travail a consisté à améliorer le rendement deproduction de magnétite par Magnetospirillum magneticum AMB-1, souche modèle de bactéries magnétotactiques. La modification de la spéciation du fer, par l’ajout de composés organiques dans le milieu de culture d’AMB-1, a permis d’augmenter le rendement deproduction de magnétite jusqu’à un facteur 6. La pureté chimique de la magnétite produite par AMB-1, relativement à la magnétite abiotique, constitue le premier marqueur chimique debiogénicité que nous avons exploré. Le partage de 36 éléments traces entre la magnétite et lemilieu de culture d’AMB-1 a été quantifié, et s’est révélé au moins cent fois plus faible quelors d’une production abiotique de magnétite pour la majorité des éléments testés. Seuls l’étain, le molybdène et le sélénium montrent une incorporation préférentielle dans lamagnétite d’AMB-1, probablement liée à l’activité métabolique des bactéries. Dans un secondtemps, le fractionnement des isotopes du fer par AMB-1 lors de la biominéralisation de la magnétite a également été caractérisé. Les bactéries incorporent le fer en favorisant ses isotopes lourds. Deux réservoirs de fer intracellulaires sont ensuite produits, correspondant à la magnétite, et au fer qui n’a pas été engagé dans les réactions de précipitation de lamagnétite. La magnétite est enrichie en isotopes légers, correspondant à une valeur de δ 56 Fe dans la magnétite inférieure de 1 à 1,5 ‰, relativement au milieu de culture. A ce jour, la biominéralisation de la magnétite par AMB-1 correspond à l’unique mécanisme identifiépermettant de produire une magnétite enrichie en isotopes légers, relativement au fluide dontelle est issue. Nous proposons donc d’utiliser la pureté chimique et la composition isotopiquedu fer de la magnétite comme biosignatures pour l’identification des bactéries magnétotactiques fossiles.