Cinépratiques de la ville contemporaine : le documentaire urbain après Chronique d'un été (Jean Rouch et Edgar Morin, 1961)
Auteur / Autrice : | Camille Bui |
Direction : | Jacqueline Nacache |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Histoire et sémiologie du texte et de l'image |
Date : | Soutenance en 2015 |
Etablissement(s) : | Sorbonne Paris Cité |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Langue, littérature, image, civilisations et sciences humaines (domaines francophone et anglophone) (Paris ; 1992-....) |
Partenaire(s) de recherche : | Autre partenaire : Université Paris Diderot - Paris 7 (1970-2019) |
Résumé
Si les travaux portant sur la ville et le cinéma de fiction sont nombreux, l'étude des relations entre l'espace urbain et le film documentaire demeure peu développée. Cette thèse explore cet autre versant de la production cinématographique urbaine, à travers l'analyse d'ceuvres contemporaines faisant écho au projet fondateur du cinéma direct en France. Relu en tant que film urbain, Chronique d'un été (1961) se révèle être une riche matrice pour interroger la manière dont le cinéma peut non seulement représenter les villes d'aujourd'hui, mais aussi prendre part aux dynamiques urbaines. Dans les trente dernières années, le projet de J. Rouch et E. Morin trouve des échos nouveaux chez les cinéastes à « disposition ethnographique » (Clifford) qui se font à la fois spectateurs et acteurs de / dans la ville. Dans les films de ces derniers, la mise en scène urbaine est modelée par l'expérience vécue de la rencontre et du parcours. En pratiquant la ville par le cinéma, les documentaristes contribuent à renouveler l'urbanité de celle-ci, c'est-à-dire la densité et la diversité des interactions sociales. Contre les dynamiques contemporaines de déliaison, les cinéastes urbains tentent en effet de réinventer la possibilité d'un corps collectif. Dans différents contextes, en Europe et en Amérique du Nord, ils imaginent des communautés multiculturelles plus ou moins instituées et proposent au spectateur d'en faire l'expérience imaginaire, mais dans le cadre d'une « lecture documentarisante » (Odin). La ville filmée du documentaire est ainsi légèrement décollée du vécu. Elle s'ancre dans la multiplicité des pratiques ordinaires pour donner forme à une ville possible, une ville à venir.