Malgré les adultes : une ethnographie des situations non scolaires d'apprentissage chez les riverains du bas-Tapajós (Amazonie brésilienne)
Auteur / Autrice : | Chantal Medaets |
Direction : | Alain Pierrot |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Sciences de l'éducation |
Date : | Soutenance le 30/11/2015 |
Etablissement(s) : | Sorbonne Paris Cité |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Sciences humaines et sociales : cultures, individus, sociétés (Paris ; 1994-2019) |
Partenaire(s) de recherche : | établissement de préparation : Université Paris Descartes (1970-2019) |
Laboratoire : Centre d'anthropologie culturelle | |
Jury : | Président / Présidente : Véronique Boyer-Araújo |
Examinateurs / Examinatrices : Alain Pierrot, Véronique Boyer-Araújo, Dominique Ottavi, Ana Maria F. Almeida, Mark Harris, Marie Salaün | |
Rapporteur / Rapporteuse : Dominique Ottavi, Ana Maria F. Almeida |
Mots clés
Résumé
Dans cette étude ethnographique menée dans les villages ruraux du bas-Tapajós (commune de Santarém, Amazonie brésilienne), j'examine comment, en l'absence de transmission explicite, sont acquis les savoirs pratiques, l'art du récit, le sens de la hiérarchie et la maîtrise émotionnelle. L'observation fine des interactions entre les personnes plus expérimentées et les novices, quel que soit leur âge, permet d'établir une modalité propre à ces populations dont la pédagogie peut paraître paradoxale. Les plus expérimentés ne font rien pour faciliter la tâche aux novices, ils n'ont aucune attitude pédagogique à proprement parler, si ce n'est précisément de multiplier les obstacles de diverses manières, y compris en leur interdisant souvent de participer aux activités. En somme, le novice n'a le droit d'intégrer une activité que lorsqu'il l'a maîtrise suffisamment, aux yeux des personnes plus expérimentées qui la mènent. L'erreur est très peu tolérée. Les maladresses ou gaucheries sont immédiatement sanctionnées par le sarcasme mordant des plus expérimentés, qui se positionnent comme les « maîtres du savoir », un savoir dont ils gardent jalousement l'accès et qu'ils ne partagent qu'avec parcimonie, lorsque leur intérêt immédiat en dépend. L'hypothèse qui résulte de mon enquête est que cette modalité singulière de transmission doit se comprendre en fonction du contexte culturel du Tapajós dans lequel elle s'insère ; un contexte marqué par la hiérarchie intergénérationnelle et par un style relationnel empreint de dérision et d'antagonisme. La modalité de l'apprentissage que j'ai appelée « malgré les adultes » contribue de manière décisive à ce que le novice acquière des compétences valorisées au sein de ce groupe. Ces compétences sont indispensables à la construction de la personne chez des riverains du Tapajós, même si elles n'apparaissent pas dans les diverses représentations explicites que ces riverains se font de leur propre « culture ».