La reconnaissance malheureuse : de l’individu au collectif
Auteur / Autrice : | Eva Segura |
Direction : | Yves Charles Zarka, Jean-Marie Donegani |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Philosophie |
Date : | Soutenance le 31/10/2015 |
Etablissement(s) : | Sorbonne Paris Cité |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Sciences humaines et sociales : cultures, individus, sociétés (Paris ; 1994-2019) |
Partenaire(s) de recherche : | établissement de préparation : Université Paris Descartes (1970-2019) |
Laboratoire : Laboratoire Ethique Politique et Santé | |
Jury : | Président / Présidente : Didier Deleule |
Examinateurs / Examinatrices : Yves Charles Zarka, Jean-Marie Donegani, Didier Deleule, Joanny Moulin, Jean-Pierre Cléro | |
Rapporteurs / Rapporteuses : Joanny Moulin, Jean-Pierre Cléro |
Mots clés
Résumé
La reconnaissance est généralement présentée soit comme une réussite soit comme un échec. Pourtant, les nombreux défis qui se présentent actuellement aux sociétés démocratiques occidentales obligent à chercher une porte de sortie à cette alternative tragique. Comment échapper au malheur de la reconnaissance ? La reconnaissance est le concept phare d'un ensemble de théories et de politiques très variées. Elle repose sur des identités et cultures à la base de la diversité. La diversité est la notion derrière laquelle se trouvent des politiques officielles et non-officielles de pluralisme, c'est-à-dire de promotion de la diversité. C'est là le cœur d'un problème majeur, à l'intersection entre politique, sociologie et philosophie. D'un côté la reconnaissance fige les facteurs de diversité ; de l'autre, la diversité, caractérisée par une prolifération d'identités et de cultures potentiellement variables au cours du temps et en partie fluides, bloque le processus de reconnaissance. Comment alors conjuguer diversité et reconnaissance ? En effet, la diversité empêche la reconnaissance et la reconnaissance empêche la diversité. L'une fait obstacle à l'autre. Introduire l'opérateur de l'échec dans le rouage de la diversité et de la reconnaissance permet d'identifier les zones les plus problématiques : les fondements même de la reconnaissance, les modalités de la non-reconnaissance, et la question de la violence, véritable angle-mort des théories et des politiques les plus courantes. Partant de ces difficultés, et après un travail de déconstruction, nous proposons une piste de reconstruction de la reconnaissance ainsi renouvelée, formée de trois pans, sous-tendus par le postulat d'une auto-détermination radicale des individus et des groupes. Le premier pan repose sur la séparation. Elle est résistance à l'uniformisation et à la conversion sous la forme, par exemple, d'une injonction à l'assimilation. Le deuxième pan concerne la diversité comme postulat d'une nouvelle politique de reconnaissance repensée à partir de la diversité. Les conséquences sont plus profondes au niveau individuel que collectif. Le troisième pan a trait au poids du passé dans la reconnaissance : désormais cette reconnaissance-là est sans réconciliation, sans rachat et sans réparation. Elle n'est plus un outil, mais une modalité des relations intersubjectives. Il ne s'agit pas d'ignorer les tragédies passées, bien au contraire ; mais plutôt de les prendre en compte pour élaborer un concept tourné vers l'avenir.