Thèse soutenue

Construire un lexique ambigu

FR  |  
EN
Auteur / Autrice : Isabelle Dautriche
Direction : Anne Christophe
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Sciences cognitives
Date : Soutenance le 18/09/2015
Etablissement(s) : Sorbonne Paris Cité
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Frontières de l'innovation en recherche et éducation (Paris ; 2006-....)
Partenaire(s) de recherche : établissement de préparation : Université Paris Descartes (1970-2019)
Laboratoire : Laboratoire de sciences cognitives et psycholinguistique
Jury : Président / Présidente : François Pellegrino
Examinateurs / Examinatrices : Anne Christophe, Padraic Monaghan, John C. Trueswell, Benoît Crabbé, Kim Plunkett
Rapporteurs / Rapporteuses : Padraic Monaghan, John C. Trueswell

Résumé

FR  |  
EN

Il y a (au moins) deux questions fondamentales que l’on est amené à se poser lorsqu’on étudie le langage: comment acquiert-on le langage? —le problème d’apprentissage —et pourquoi les langues du monde partagent certaines propriétés mais pas d’autres? —le problème typologique. Dans cette thèse, j’entreprends de relier ces deux domaines en me focalisant sur le lexique, l’ensemble des mots de notre langue et leur sens associés, en posant les questions suivantes: pourquoi le lexique est-il tel qu’il est? Et est-ce que les propriétés du lexique peuvent être (en partie) expliquées par la façon dont les enfants apprennent leur langue? Un des aspects les plus frappants du lexique est que les mots que nous utilisons sont ambigus et peuvent être confondus facilement avec d’autres. En effet, les mots peuvent avoir plusieurs sens (par exemple, les homophones) et sont représentés par un ensemble limité de sons qui augmentent la possibilité qu’ils soient confondus (par exemple, les paires minimales). L’existence de ces mots semble présenter un problème pour les enfants qui apprennent leur langue car il a été montré qu’ils ont des difficultés à apprendre des mots dont les formes sonores sont proches et qu’ils résistent à l’apprentissage des mots ayant plusieurs sens. En combinant une approche computationnelle et expérimentale, je montre, quantitativement, que les mots du lexique sont, en effet, plus similaires que ce qui serait attendu par chance, et expérimentalement, que les enfants n’ont aucun problème à apprendre ces mots à la condition qu’ils apparaissent dans des contextes suffisamment distincts. Enfin, je propose que l’étude des mots ambigus permet de révéler des éléments importants du mécanisme d’apprentissage du langage qui sont actuellement absents des théories actuelles. Cet ensemble d’études suggère que les mots ambigus et les mots similaires, bien que présents dans le langage, n’apparaissent pas arbitrairement dans le langage et que leur organisation reflète (en partie) la façon dont les enfants apprennent leur langue.