Thèse soutenue

Mécanismes de la sexualité en France, bisexualité et enjeux sociétaux : l'essor d'une nouvelle révolution sexuelle

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Auteur / Autrice : Lucie Lembrez
Direction : Maria Michela Marzano
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Philosophie
Date : Soutenance le 09/03/2015
Etablissement(s) : Sorbonne Paris Cité
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Sciences humaines et sociales : cultures, individus, sociétés (Paris ; 1994-2019)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Centre de recherche sur les liens sociaux / CERLIS
établissement de préparation : Université Paris Descartes (1970-2019)
Jury : Président / Présidente : Christine Delory-Momberger
Examinateurs / Examinatrices : Maria Michela Marzano, Christine Delory-Momberger, Fabienne Brugère, Plínio Prado
Rapporteurs / Rapporteuses : Fabienne Brugère, Plínio Prado

Résumé

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L’objectif de cette thèse est de chercher à savoir ce qui, dans la société occidentale actuelle et notamment en France, caractérise nos choix en termes de sexualité aussi bien dans nos comportements intimes que dans notre représentation sociale identitaire. La bisexualité nous semble incarner une nouvelle forme de sexualité qui pose le problème du lien qui existerait entre le sexe – et tous les dispositifs qui le sous-tendent, comme, par exemple l’identité bisexuelle, le militantisme bisexuel ou plus encore la simple pratique de la bisexualité – et les institutions sociales en place actuellement. Notre thèse a pris pour point départ la question de notre liberté sexuelle pour aboutir à l’hypothèse selon laquelle nous nous révélons être les acteurs autant que les victimes d’un pouvoir de la sexualité qui mêle action institutionnelle sur notre sphère privée et résistance de chacun d’entre nous dans l’espace public. Ainsi, la sexualité est prise ici comme un objet où des enjeux politiques se jouent et participent à un mécanisme complexe dont les rouages font interagir des notions multiples : le corps, le désir, la procréation, la parentalité, mais encore le genre, comme jonction de cet ensemble. Si nous avons prioritairement étudié la bisexualité, nous n’avons, dans ce travail, jamais quitté l’analyse critique de l’hétérosexualité et de l’homosexualité – et de l’homoparentalité – dans une société française que nous interrogeons par rapport à la pratique de la sexualité de ses membres. Une enquête de terrain a donc été nécessaire pour comprendre comment les Français considèrent ce lien tout en les interrogeant sur les notions qui sont chères à l’ensemble de notre problématique. Après avoir préalablement travaillé sur les théories psychanalytiques qui concernent la sexualité et les sexualités – notamment les théories freudiennes – notre étude de terrain nous a permis d’aboutir à la thèse selon laquelle l’existence réelle d’une sexualité politique démontre que nous entrons dans une nouvelle ère sexuelle, de nouvelles frontières entre ce qui est privé et ce qui est public naissant. En ce sens, nous sommes peut-être en droit de parler d’une nouvelle révolution sexuelle faisant suite à celle qu’a connu l’Occident dans les années 70, révolution sexuelle où, comme Michel Foucault l’affirmait déjà, la sexualité s’avère aisément démontrer sa puissance socio-politique, jusqu’à pouvoir parler de « monarchie du sexe ». A travers une analyse qui s’appuie sur une étude théorique et une enquête de terrain, cette thèse tente de mieux comprendre ce qui guide nos choix sexuels et affectifs et la façon dont nous gérons nos sentiments amoureux dans une société où les liens qui unissent le discours sexuel et les représentations politiques de cette même sexualité, semblent ambigus. Qu’en est-il, alors, de notre liberté sexuelle ? Plus encore, comment considérer la place nouvelle que les sexualités minoritaires prennent aujourd’hui en France ? La bisexualité est-elle l’incarnation d’une nouvelle révolution de la façon de vivre la sexualité et d’aimer ?