Thèse soutenue

Agresser le spectateur : généalogie d'une politique : Edward Bond, Rodrigo Garcia, Hanokh Levin

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Auteur / Autrice : Johanna Krawczyk
Direction : Joseph Danan
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Études théâtrales
Date : Soutenance le 30/06/2015
Etablissement(s) : Sorbonne Paris Cité
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Arts et médias (Paris)
Partenaire(s) de recherche : établissement de préparation : Université de la Sorbonne Nouvelle (Paris ; 1970-....)
Laboratoire : Institut de recherches en études théâtrales (Paris)
Jury : Président / Présidente : Jean-Pierre Ryngaert
Examinateurs / Examinatrices : Joseph Danan, Jean-Pierre Ryngaert, Danielle Chaperon, Olivier Neveux, Astrid von Busekist

Résumé

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Cette recherche propose de construire la notion d’agression pour en faire un concept applicable à une poétique textuelle et scénique tout en tenant compte de sa dualité fondamentale. À la fois créée par l’auteur et reçue par le spectateur, elle peut être considérée comme une « action dramatisante » (Marie-Madeleine Mervant-Roux), c’est-à-dire comme un ensemble de procédés formels visant la production d’effets violents sur le spectateur. Elle a emprunté, au cours de l’histoire, différentes formes et significations que la méthodologie par « foyer de sens » (Frédéric Gros) permet de mettre en évidence. Trois variations de sens d’une même dimension du principe d’agression peuvent ainsi être identifiées : la première considère l’agression comme l’action d’introduire un désordre, un dérangement, renvoyant l’agression théâtrale à une stratégie ludique de mise en relation du spectateur avec le sacré. Elle est repérable dans le rejet platonicien de la poésie imitative de la cité, dans le Théâtre de la Cruauté d’Antonin Artaud, puis à l’ère postmoderne, dans certains spectacles usant de la performance, comme ceux de Rodrigo García. La deuxième envisage l’agression comme une action créant une instabilité éthique ou intime, assimilant l’agression théâtrale à une déstabilisation émotionnelle. Avec la Poétique d’Aristote, l’agression se pense comme un événement inattendu conditionné par un jeu de discordances et de surprises. Cette modalité est reconfigurée par Edward Bond dans les années 1960. La troisième considère l’agression comme l’action d’inciter quelqu’un à quelque chose par une attitude agressive ou une sorte de défi. L’agression théâtrale s’apparente dans ce cas à une stratégie politique dont Bertolt Brecht est l’un des grands représentants. Dialectiquement structurée, cette agression est singulièrement reconfigurée par Hanokh Levin dans les années 1970. Conditionnée par la surprise et l’inaccoutumance du spectateur, l’agression témoigne, quelle que soit sa forme, d’une abolition momentanée du cadre théâtral, d’une disparition du symbolique, dans une perspective sociale, éthique ou politique.