Parodies satiriques et documentaires expressionnistes : la représentation critique de la célébrité dans l'oeuvre cinématographique de William Klein
Auteur / Autrice : | Marie-Eve Fortin |
Direction : | Philippe Dubois, Olivier Asselin |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Études cinématographiques et audiovisuelles |
Date : | Soutenance le 29/01/2015 |
Etablissement(s) : | Sorbonne Paris Cité en cotutelle avec Université de Montréal (1978-....) |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Arts et médias (Paris) |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Institut de recherche sur le cinéma et l'audiovisuel (Paris) |
établissement de préparation : Université de la Sorbonne Nouvelle (Paris ; 1970-....) | |
Jury : | Président / Présidente : Silvestra Mariniello |
Examinateurs / Examinatrices : Philippe Dubois, Olivier Asselin, Silvestra Mariniello, Bruno-Nassim Aboudrar, Thomas Waugh, Jerry White |
Résumé
L’oeuvre de William Klein est reconnue pour ses stratégies formelles innovatrices et avant-gardistes qui attireront l'attention des artistes et des professionnels de sa génération non sans provoquer au passage quelques scandales ni sans subir les contrecoups de la censure. La trentaine de courts, moyens et longs métrages réalisés par Klein, forme un corpus hétérogène qui affiche à première vue des incohérences sociologiques, politiques, économiques et culturelles potentiellement discutables. Dans ces conditions, la position critique de Klein paraît ambiguë, inconséquente voire, contradictoire, parce que les films diffèrent également par leur thème, leur cible, leur mode de production et leur genre. Nous croyons cependant que l’engagement politique de Klein est le fil d'Ariane qui unit son oeuvre cinématographique et dissipe toute idée de rupture que ses contemporains pourraient lui reprocher. Au cours de cette période cruciale qui s'étend de 1965 et 1970, alors que le libéralisme en tant qu’idéologie officielle du système capitaliste cherche à vaincre le communisme pour s'imposer à l'échelle mondiale, Klein pose son regard sur les célébrités en tant que figures médiatiques et identitaires comme autant de moyens des pouvoirs politiques, économiques et religieux. À l'ère de la guerre froide, de la guerre du Vietnam et des combats pour la décolonisation, il prend le parti des mouvements de droits civils et de libération et se range du côté des révolutionnaires qui les défendent. Il brosse notamment le portrait de personnalités associées à la contre-culture américaine; il remet en question les modèles qui s'étaient jusque- là imposés dans la culture de masse et les idéologies dont ils étaient investis et va jusqu'à critiquer le concept même de célébrité. En procédant notamment à une démystification des moyens de la représentation de l'American Dream et de l’American way of life, William Klein s'en prend aux faux-semblants issus de ces industries (du divertissement) et de ce champ (politique) qui mettent en place des systèmes de production et d’exploitation de la célébrité en tant que symbole, destinée à orienter les goûts esthétique, les comportements commerciaux et/ou les opinions politiques des individus. Il dénonce ainsi les injustices raciales, les inégalités sociales, les abus de pouvoir et8les débordements des gouvernements attribuables à l’impérialisme occidental qui est à l'époque sous l'influence des États-Unis. Le corpus qui nous permettra de développer notre argumentation comprend quatre films, soit deux films de fiction et deux films documentaires. Qui êtes-vous, Polly Maggoo? (1966) et Mister Freedom (1968) sont les deux films de fiction que nous avons qualifiés de « parodies satiriques ». En ces termes, le film Polly Maggoo parodie les contes de fées pour faire la satire de l’industrie de la mode, tandis que le film Mister Freedom parodie les super-héros de bande dessinée et autres justiciers des films hollywoodiens, pour faire la satire de la politique étrangère américaine. Les documentaires politiquement engagés sont à notre avis expressionnistes, comme le propose le critique américain Jonathan Rosenbaum. Muhammad Ali, The Greatest (1964-1974) ; Eldridge Cleaver Black Panther (1970) mettent en scène ceux que William Klein appelle les « Super Noirs américains » et par des moyens réflexifs, ils démontrent de l’inter-subjectivité entre le cinéaste et ses sujets.