Les traitements de substitution aux opiacés en médecine générale : les appropriations d'une politique publique
Auteur / Autrice : | Lise Dassieu |
Direction : | François Sicot |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Sociologie |
Date : | Soutenance le 28/09/2015 |
Etablissement(s) : | Toulouse 2 |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Temps, Espaces, Sociétés, Cultures (Toulouse) |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Laboratoire interdisciplinaire Solidarités, sociétés, territoires (Toulouse) |
Jury : | Président / Présidente : Stéphanie Mulot |
Examinateurs / Examinatrices : François Sicot, Anne-Chantal Hardy-Dubernet, Marc-Henry Soulet, Géraldine Bloy, Michel Kokoreff, François-Xavier Schweyer | |
Rapporteurs / Rapporteuses : Anne-Chantal Hardy-Dubernet, Marc-Henry Soulet |
Mots clés
Résumé
En autorisant tout médecin à prescrire du Subutex, la législation française désigne les généralistes comme acteurs essentiels d’une politique publique liée aux drogues : la dispensation de traitements de substitution aux opiacés (TSO). Cette thèse vise à comprendre comment la médecine générale compose avec cette prérogative. L’appropriation des TSO par les généralistes se décline à un niveau collectif – à quelles conditions cette mission peut-elle être assumée par ce groupe professionnel ? –, et sur le plan interactionnel – comment une personne dépendante devient-elle le patient d’un généraliste ? La question de l’appropriation d’une politique publique rejoint donc celle de l’acquisition du statut de "patients" pour des individus socialement stigmatisés, relevant parallèlement d’une politique pénale. Ce travail, fondé sur des entretiens et observations de consultations, montre que les généralistes s’approprient les TSO au moyen d’un processus de tri des patients et des tâches accomplies. Loin de manifester un refus de mettre en œuvre la politique substitutive, le tri vise à la rendre compatible avec les valeurs et modes d’organisation propres à la médecine générale. Cependant, les critères de sélection produisent des inégalités d’accès aux traitements : tous les "toxicomanes" ne deviennent pas des patients dans les mêmes conditions. L’ethnographie des consultations suggère que le statut de patient s’acquiert au cours de la construction d'une relation où la prescription devient progressivement routinière. Cette thèse invite à confronter plusieurs échelles d’analyse, en envisageant la mise en œuvre d’une politique de santé au prisme des interactions médecin-patient.