Vers une modélisation de l'incontinence urinaire des femmes
Auteur / Autrice : | Dina Bedretdinova |
Direction : | Virginie Ringa, Xavier Fritel |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Santé publique - épidémiologie |
Date : | Soutenance le 30/11/2015 |
Etablissement(s) : | Université Paris-Saclay (ComUE) |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Santé Publique (Le Kremlin-Bicêtre, Val-de-Marne ; 2015-...) |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Centre de recherche en épidémiologie et santé des populations (Villejuif, Val-de-Marne ; 2010-....) |
établissement opérateur d'inscription : Université Paris-Sud (1970-2019) | |
Jury : | Examinateurs / Examinatrices : Virginie Ringa, Xavier Fritel, Emmanuel Chartier-Kastler, Séverine Deguen, Els Bakker, Jacques Irani |
Rapporteur / Rapporteuse : Emmanuel Chartier-Kastler, Séverine Deguen |
Mots clés
Mots clés contrôlés
Résumé
VERS UNE MODELISATION DE L’INCONTINENCE URINAIRE DES FEMMES Introduction : L’objectif principal était de mieux comprendre l’histoire naturelle de l’incontinence urinaire (IU) féminine grâce à une modélisation de sa prévalence sur ses facteurs de risque, en tenant compte de sa gravité et de ses types. Un objectif secondaire était de travailler sur la classification des circonstances des fuites urinaires.Matériel et méthodes : Nous avons utilisé les données de deux sondages téléphoniques sur une population représentative, Le Baromètre Santé 2010 (3089) et Fecond (5017) ; de deux enquêtes postales au sein de la cohorte GAZEL (3098), l’une générale et l’autre centrée sur les problèmes urinaires ; et enfin d’un sondage internet de volontaires adultes, NutriNet-Santé (85037). L’IU a été définie à partir d'un questionnaire validé, l’ICIQ-UI-SF et à partir d’une liste de problèmes de santé. Nous avons utilisé des modèles binomiaux et multinomiaux de régression logistique, des analyses de correspondances multiples et de classification ascendante hiérarchique.Résultats : La prévalence de l’IU tout venant (quel que soit son type ou sa gravité) variait de 1,5 % à 38,8 % selon les enquêtes et était égale à 17,3 % dans les 2 échantillons représentatifs. La conception de l’enquête, c’est-à-dire la nature de l’échantillon (représentatif ou non), son objectif (centré sur la santé générale ou l’IU), le mode de recueil des données et la mode de définition de l’IU (à partir d’un questionnaire spécifique validé ou basée sur une liste de maladies) étaient susceptibles de modifier à la hausse ou à la baisse les estimations de la prévalence de l’IU.Les fuites les plus fréquentes étaient les fuites à la toux, les fuites avant d’arriver aux toilettes et les fuites lors de l’exercice physique. Les femmes décrivant des circonstances attribuées aux principaux types d’IU, effort, par urgenturie et mixte, formaient un groupe distinct de celles déclarant des circonstances attribuées au type IU autre. De même, les femmes déclarant des circonstances attribuables à une IU d’effort se démarquaient de celles déclarant des circonstances attribuables à une IU par urgenturie. Les circonstances les plus discriminantes pour classer les femmes incontinentes étaient : fuites tout le temps, à la toux, pendant le sommeil et après la miction. Dans toutes les enquêtes nous avons identifié des associations significatives entre presque tous les facteurs de risque disponibles et l’incontinence ; mais certains facteurs étaient liés avec toutes les formes d’IU et d’autres seulement avec certaines formes. De plus nombreuses associations ont été observées avec l’IU grave, c’est-à-dire quotidienne, qu’avec l’IU hebdomadaire. Nous avons observé plus d’associations significatives avec l’IU mixte et l’IU autre qu’avec l’IU d’effort et l’IU par urgenturie. Les plus fortes associations ont été observées pour la dépression et l’obésité, liées avec presque toutes les formes d’IU. Les variables obstétricales étaient souvent liées à l’IU mixte. Conclusion : Le questionnaire ICIQ-UI-SF est approprié pour estimer la prévalence de l’incontinence urinaire dans des échantillons représentatifs mais il apparaît insuffisant pour définir tous les types d’IU. Nos résultats ont objectivé qu’il est possible d’utiliser les circonstances des fuites d’urine pour identifier des groupes spécifiques de femmes incontinentes, et que certaines circonstances peu utilisées en cliniques sont pourtant très discriminantes. Il y a probablement des travaux à faire et à poursuivre pour explorer dans quelle mesure les circonstances des fuites ont une valeur pronostique ou prédictive de réponse au traitement. Grâce à la modélisation, où nous avons pris en compte le type et la gravité de l’IU, nous avons pu constater quelles modalités de l’IU sont liées à certains facteurs de risque et quelles modalités ne le sont pas.