Thèse soutenue

Gilles Deleuze : musique, philosophie et devenir

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Auteur / Autrice : John Raby
Direction : Leszek Brogowski
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Arts plastiques
Date : Soutenance le 30/01/2015
Etablissement(s) : Rennes 2
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Arts, Lettres, Langues (Rennes)
Partenaire(s) de recherche : PRES : Université européenne de Bretagne (2007-2016)
Laboratoire : Arts : Pratiques et Poétiques - Musique et Image : Analyse et Création
Jury : Président / Présidente : Pierre Sauvanet
Examinateurs / Examinatrices : Denis Briand
Rapporteurs / Rapporteuses : Pierre Sauvanet, Béatrice Ramaut-Chevassus

Résumé

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D’après Deleuze, écrire sur la musique constituerait un « sommet » de la pensée, l’idée d’une « supériorité » du musical sur les autres formes d’art étant, par là même, affirmée. La relation entre musique et philosophie n’est pas, dans sa pensée, de l’ordre du commentaire mais du devenir. Autrement dit, la musique n’est pas un simple objet d’analyse puisqu’elle influence en retour le style de conceptualisation du philosophe. C’est pourquoi ce problème s’articule selon deux perspectives qui s’échangent sans se concilier tout à fait : un devenir-musical de la philosophie, un devenirconceptuelde la musique. On pense par exemple au concept décisif de ritournelle qui désigne à la fois une « petite musique » etl’éternel retour.Le devenir-musical de la philosophie correspond à une dimension « artiste » de la pensée, le style d’écriture devenant un enjeu majeur. Deleuze partage avec les romanciers la création d’une langue étrangère dans la langue courante – création qui tend vers une « musicalisation » du langage. Si l’écrivain invente une « petite musique » par une mise en variation continue de la langue, le devenir musical de la philosophie implique une variation continue du concept, notamment parl’usage de la métaphore. Le texte philosophique refuse alors toute approche interprétative pour intensifer la part affective du texte. Un tel devenir n’est pas sans produire une forme d’ambiguïté puisqu’il finit par rendre indiscernable poésie et philosophie. Comment assumer la part musicale de la pensée deleuzienne dans le champ de la philosophie ? Le devenir-conceptuel de la musique correspond à un aspect plus traditionnel de la pensée deleuzienne puisque la musique y est soumise à l’appareillage ontologique du philosophe. En toute logique, l’idéal esthétique vers lequel tend tout agencement musical s’avère être la variation continue. Reprenant à son compte les dualités bergsoniennes, Deleuze assimile lemusical au domaine de l’intensif et du différentiel contre ce qui touche à la représentation. Sur la question fondalementaledu temps musical, Deleuze s’inspire de Wagner Proust, Bergson et Boulez pour développer une métaphysique de la musique autour de deux notions : le passé pur comme Mémoire cosmique et la réminiscence comme moyen esthétique d’y accéder. Du fait de la nature idéaliste de cette conception, Deleuze s’oppose à l’esthétique nietzschéenne pour renouer avec le romantisme