Thèse soutenue

L'héritage intensif en énergie en Europe de l'Est et en Asie Centrale
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Auteur / Autrice : Igor Bagayev
Direction : Manon Domingues Dos SantosBoris Najman
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Sciences économiques
Date : Soutenance le 07/12/2015
Etablissement(s) : Paris Est
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Organisations, marchés, institutions (Créteil ; 2015-....)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Equipe de Recherche sur l’Utilisation des Données Individuelles en lien avec la Théorie Economique (Créteil ; 1992-....)
Jury : Président / Présidente : Ferhat Mihoubi
Examinateurs / Examinatrices : Manon Domingues Dos Santos, Boris Najman, Robert Elliot, Eric Strobl
Rapporteurs / Rapporteuses : Ronald Davies, Jean-Louis Combes

Résumé

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Cette thèse vise à analyser les enjeux et les conséquences la consommation énergétique dans les pays anciennement communistes d’Europe et d’Asie Centrale (EAC). Plus particulièrement, nous soulevons la question des politiques économiques à mettre en place afin d’améliorer l’efficacité énergétique dans cette région et analysons les conséquences en termes de pollution et de croissance de la spécialisation intensive en énergie de leurs économies.Le système d’économie planifié a profondément altéré les structures économiques et la trajectoire de consommation énergétique de ces pays. En effet, une des empreintes restantes de l’économie de type soviétique réside dans l’importante intensité énergétique et la forte spécialisation des pays EAC dans les industries intensives en énergie. Les récentes crises géopolitiques vis-à-vis de la Russie, l’épuisement des ressources énergétiques fossiles ainsi que la problématique environnementale mettent en exergue l’importance de la question énergétique dans ces pays.La présente thèse s’intéresse plus spécifiquement à deux problèmes fondamentaux. Comment améliorer les performances énergétiques des pays Est-Européens ? Et quel est l’impact de la spécialisation dans les industries structurellement intensives en énergie sur la croissance des pays EAC ?Dans le premier chapitre, nous analysons les fondations microéconomiques de la demande énergétique en se focalisant sur les déficiences de marché qui peuvent contraindre l’efficacité énergétique des firmes. Nous nous intéressons en particulier à l’effet relié au développement financier. L’inefficience des marchés financiers est une des principales explications du « paradoxe d’efficience énergétique », mais n’a pour l’instant pas été empiriquement démontré. Les résultats empiriques de ce chapitre montrent que les marchés financiers locaux jouent un rôle important dans la consommation énergétique des firmes.Le chapitre 2 examine dans quelle mesure la réglementation environnementale de l’Union Européenne (UE) impacte la spécialisation des pays est-européens dans les industries polluantes. En ce sens, ce chapitre traite de la question centrale du développement de havres de pollution en Europe de l’Est. Nos résultats indiquent que les exportations des pays EAC vers un pays de l’UE sont relativement plus importantes dans des secteurs polluants lorsque ce pays a dû mettre en place des mesures environnementales. Cet effet est rendu robuste au biais de variables omises grâce à l’inclusion d’un ensemble d’effets fixes. De plus, le problème potentiel de causalité inverse est traité grâce à l’utilisation d’un instrument exogène de politique environnementale basé sur les conditions climatiques des pays.Au-delà des problèmes liés à l’environnement, le chapitre 3 analyse les conséquences économiques de la spécialisation dans des industries énergivores dans la région EAC. En effet, cette spécialisation est un héritage direct de l’ancien système d’économie planifiée. L’économie planifiée de type soviétique a façonné une spécialisation dans des secteurs industriels très énergivores, et ce indépendamment des caractéristiques structurelles spécifiques des différents pays de l’ancien bloc de l’Est. La volonté idéologique et les distorsions de marché dans ces économies ont été les principaux moteurs d’un surdéveloppement des industries extrêmement énergivores. L’effet de la sur-spécialisation dans les industries intensives en énergie est strictement négatif et significatif dans toutes nos estimations. Ce résultat est robuste et met en exergue des symptômes de « maladie soviétique ». Les pays anciennement communistes qui maintiennent des distorsions de spécialisation dans les secteurs industriels développés sous le système d’économie planifiée font face à de moins bonnes performances économiques. Ainsi, maintenir une spécialisation industrielle intensive en énergie est inefficace aussi bien d’un point de vue environnemental que d’un point de vue économique.