Narrer au féminin des Mémoires d’Henriette-Sylvie de Molière à La Religieuse de Diderot
Auteur / Autrice : | Florence Dujour-Pelletier |
Direction : | Christophe Martin |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Langue et littérature française |
Date : | Soutenance le 12/12/2015 |
Etablissement(s) : | Paris 10 |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Lettres, langues, spectacles (Nanterre, Hauts-de-Seine ; 2000-....) |
Partenaire(s) de recherche : | Equipe de recherche : Centre des Sciences des Littératures en langue Française (Nanterre) |
Jury : | Président / Présidente : Jean-Christophe Abramovici |
Examinateurs / Examinatrices : Christophe Martin, Jean-Christophe Abramovici, Florence Magnot-Ogilvy, Alain Sandrier | |
Rapporteur / Rapporteuse : Florence Magnot-Ogilvy |
Mots clés
Résumé
Les formes personnelles du récit (roman à la première personne et roman épistolaire) se sont imposées comme des formes privilégiées de la narration romanesque depuis la fin du dix-septième siècle jusqu'aux années 1760. L’étude a porté sur ce qui a pu inciter les auteurs, féminins ou masculins, à adopter très fréquemment une voix féminine dans ces narrations à la première personne. Qu'autorise cette voix féminine ? Cette adoption implique-t-elle une identification possible au féminin ? S'agit-il au contraire de mieux « construire » une représentation du féminin auquel d'ailleurs, en retour, les femmes peuvent finir par s'identifier ? L’étude a d'abord porté sur l'héritage des voix féminines en revenant à la situation de ce qu'on peut qualifier de « genres féminins » au dix-septième siècle : l’écriture épistolaire et mondaine pratiquée par Madame de Sévigné, les contes de fée, et le genre du roman-mémoires qui se développe sous la plume de romancières comme Mme de Villedieu ou Mme de Murat. Tous ces genres mettent en place certaines images de la féminité et de la narration féminine marquées par l’audace, l’humour, le badin et parfois la mise à mal des modèles héroïques. Ceci nous a menée à la voix de la Marianne de Marivaux qui est le pivot de cette réflexion, en ce qu’elle a incarné le féminin dans le roman-mémoires pendant plusieurs décennies. En amont, il s’agissait de voir en quoi la voix imaginée par Marivaux n’avait pas surgi ex nihilo, mais comment elle avait été préparée par les romancières et écrivaines de la seconde moitié du XVIIe siècle, et de quelle manière les conditions étaient réunies pour qu’émerge cette voix véritablement fondatrice. En aval, l’étude nous a permis de voir en quoi cette voix a influencé et inspiré les auteurs contemporains de Marivaux ou ceux qui l’ont suivi. L’étude se poursuit par une confrontation entre La Religieuse de Diderot et la Nouvelle Héloïse Rousseau afin d’observer la manière très différente mais en écho dont les deux romanciers faisaient parler des personnages de femmes et ramenaient dans le champ du romanesque une forme de tragique ou de pathétique qui semblait éteindre la voix de Marianne et donc avec elle les voix des romancières et conteuses de la fin du XVIIe siècle.