Thèse soutenue

Violence, Identités, Reconnaissance : penser une philosophie sociale de la violence avec Pierre Bourdieu et Axel Honneth

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Auteur / Autrice : Cécile Lavergne
Direction : Christian Lazzeri
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Philosophie (métaphysique, épistémologie, esthétique)
Date : Soutenance le 24/11/2015
Etablissement(s) : Paris 10
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Connaissance, langage, modélisation (Nanterre, Hauts-de-Seine ; 1992-....)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Laboratoire de sociologie, philosophie et anthropologie politiques (Nanterre ; 2004-...)
Jury : Président / Présidente : Emmanuel Renault
Examinateurs / Examinatrices : Christian Lazzeri, Emmanuel Renault, Magali Bessone, Barbara Carnevali, Olivier Voirol, Davide Sparti
Rapporteurs / Rapporteuses : Magali Bessone, Barbara Carnevali

Résumé

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Cette recherche se présente comme une contribution à une philosophie sociale de la violence abordée sous l’angle des rapports entre violences et identités. Elle propose une réflexion descriptive et normative sur les enjeux contemporains que nous adressent les conflits identitaires violents et la multiplication des théâtres de guerre et de massacres qui mettent les identités à feu et à sang. Pour étudier ces enjeux, nous avons choisi de confronter la sociologie critique de Pierre Bourdieu et la philosophie de Axel Honneth. Sur cette question, la sociologie de Bourdieu fournit de précieuses ressources théoriques non seulement pour comprendre le pouvoir de la violence symbolique sur la construction sociale des identités, mais aussi pour déterminer les formes contemporaines de souffrances susceptibles de révéler le franchissement d’un seuil de violence extrême et l’effondrement des identités qui en résulte. Or, le concept normatif de reconnaissance, qui est au centre de la théorie de Honneth, permet de dégager non seulement les potentiels de résistance et de révolte qui se logent dans ces expériences négatives, mais aussi le pouvoir qu’ont les luttes pour la reconnaissance de conjurer ou réparer les effets dévastateurs de la violence sur la constitution des identités : ses analyses sur la réification interrogent, par exemple, les mécanismes de neutralisation empathique qui sont à l’œuvre dans les situations où l’humain semble réduit à une simple chose. Si notre enquête trouve son point de départ dans une commune vulnérabilité des sujets humains à différentes formes de violences, qui sont autant de blessures infligées à l’identité, c’est aussi le potentiel politique d’émancipation de la violence, à la fois sur les groupes en lutte et les ordres sociaux, qui fait l’objet de notre étude. Certaines formes de violences contestataires portent en effet des demandes de justice et de dignité qui en font des conflits de reconnaissance orientés vers l’émancipation. Cette recherche se donne ainsi pour horizon de penser le problème de la justification des violences dans la perspective ouverte par la grammaire morale des conflits sociaux.