Sans-abri : l'émergence des asiles de nuits à Paris (1878-1910)
Auteur / Autrice : | Lucia Katz |
Direction : | Dominique Kalifa |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Histoire contemporaine |
Date : | Soutenance le 06/01/2015 |
Etablissement(s) : | Paris 1 |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale d'Histoire de l'Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne (Paris ; 1992-....) |
Partenaire(s) de recherche : | Equipe de recherche : Centre d'histoire du XIXe siècle (Paris ; 195.?-....) |
Jury : | Président / Présidente : Olivier Faure |
Examinateurs / Examinatrices : Dominique Kalifa, Olivier Faure, Axelle Brodiez-Dolino | |
Rapporteur / Rapporteuse : Christian Topalov |
Mots clés
Résumé
À Paris, à partir de 1878, un maillage de refuges nocturnes se met progressivement en place dans le but de secourir les besoins les plus urgents des personnes sans‐asile. En France, l’oisiveté de l’adulte valide est condamnée depuis le XIVe siècle : en matière de vagabondage et de mendicité, la Troisième République hérite d’un arsenal répressif construit au fil de plusieurs siècles. Bien que la forte suspicion morale qui pèse sur les pauvres aptes à travailler reste forte, les premières conséquences de l’industrialisation et de l’urbanisation sont observées : déracinement, chômage, etc. Dans le contexte de crise politique et économique, certains vagabonds sont aidés. Les asiles de nuit sont encouragés, imités et reconnus d’utilité publique. D’une part, ils sont présentés comme une solution face aux insuffisances de l’État. D’autre part, ils s’inscrivent dans le langage de la réforme sociale et du compromis républicain. Pour comprendre l’engouement et l’institutionnalisation de l’hospitalité nocturne, différents corpus, comprenant une variété de types d’écrits, sériels ou non, ordinaires et extraordinaires, souvent inédits, sont croisés afin de reconstituer les réalités sociales de «l’hospitalité de nuit» dans toutes leurs complexités. Les adaptations pragmatiques, au fur et à mesure du fonctionnement et de la professionnalisation de l’hospitalité institutionnalisée, permettent une réappropriation du modèle proposé par d’autres acteurs très différents, notamment la Ville de Paris. La diffusion permet le transfert de nombreux éléments entre les différents producteurs. Elle s’accompagne néanmoins de réflexions et d’hésitations aboutissant à des accommodations réglementaires. La lente inscription des asiles de nuit dans le panel des solutions proposées pour remédier à la misère est donc à la fois le résultat d’investissements personnels, de contingences économiques et de stratégies professionnelles permettant à l’hospitalité de nuit de se constituer en domaine de l’action sociale. Cependant, l’usage et les résultats sensibles des asiles de nuit laissent place à quelques désillusions et critiques. Ces difficultés dans la mise en œuvre pratique permettent d’expliquer le relatif essoufflement dans ce mouvement de fondation d’asiles de nuit et dans la réorientation, ou du moins la diversification, des institutions productrices.