La marche plurielle : aménagements, pratiques et expériences des espaces publics au centre d'Athènes
Auteur / Autrice : | Dimitra Kanellopoulou |
Direction : | Pierre Petsimeris |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Géographie-Aménagement |
Date : | Soutenance le 07/12/2015 |
Etablissement(s) : | Paris 1 |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale de Géographie de Paris. Espace, sociétés, aménagement (Paris ; 2000-....) |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Géographie-cités (Paris ; 1998-....) - Géographie-cités / GC (UMR_8504) |
Jury : | Président / Présidente : Maria Gravari-Barbas |
Examinateurs / Examinatrices : Pierre Petsimeris, Maria Gravari-Barbas, Giánnīs Tsiṓmīs, Laurent Coudroy de Lille | |
Rapporteur / Rapporteuse : Jean-Pierre Wolff, Líla Leontídou |
Résumé
La marche occupe de plus en plus le devant de la scène des politiques urbaines et des campagnes promotionnelles des villes. Ce n’est pas un hasard que cette pratique propre à l’être humain soit devenue un terrain prometteur des recherches et d’innovation, et se trouve au cœur des enjeux relatifs aux espaces publics urbains. Un chaînon indispensable du système des transports urbains, un exercice physique efficace, un moyen d’expression artistique reliant le corps aux manières d’expérimenter la ville, la marche est surtout le fondement de la vie sociale urbaine. Pendant plus d’un siècle, elle a prospéré dans les rues sinueuses médiévales, elle a ensuite été mise en marge des grands axes de circulation menacée par la prédominance de l’automobile, et elle a finalement connu un retour triomphant dans les années 1970 dans les zones qui lui étaient particulièrement réservées et les promenades soignées des centres-villes. Marcher semble avoir trouvé la place qui lui correspond au sein de la planification urbaine. Pourtant la question demeure : L’aménagement a-t-il vraiment exploré cette pratique sociale composite ? Le but de cette thèse est donc d’examiner comment la planification peut être enrichie en décortiquant la relation entre la marche et son environnement. En s’appuyant sur le cas du centre historique d’Athènes, la recherche opte pour une triple approche. D’abord, elle examine l’évolution des politiques publiques après les années 1970, au cours desquelles la marche a sans aucun doute bénéficié d’un intérêt accru de la part des aménageurs. Comment la marche pendant ces dernières quarante années fut approchées par les visions des planificateurs et les grands projets de piétonnisations inscrits dans les procédures plus générales qui ont mis l’accent sur le profil touristique-culturel des zones autour de l’Acropole ? Or, cette multiplication de projets en faveur de la marche fut orchestrée par des intérêts divers, elle a fait naître de nouveaux acteurs dans l’arène de l’aménagement public et elle a eu de nombreux impacts sur le caractère et le fonctionnement des lieux publics. Malgré le savoir-faire en matière de piétonisations bien forgé au fil des ans, la pratique de la marche en soi très peu analysée. Au-delà d’une trame de zones célèbres pour marcher, cette recherche examine dans un deuxième temps, la marche dans les espaces où les usages et le paysage ne répondant pas vraiment à l’image commerciale et touristique des espaces publics. L’intérêt pour ces espaces controversés repose sur le fait qu’ils se trouvent au cœur de la tempête, soumis à de fortes pressions liées aux transformations effectuées par rapport à l’occupation des sols et au paysage du centre-ville. Comment et pourquoi la marche prospère-t-elle dans la rue Athinas et la place Omonoia qui, bien qu’elles soient taxées de dégradées et chaotiques, elles réussissent à accueillir une vie quotidienne étonnamment mixte ? Observer la marche de près, révèle une richesse des pratiques de l’espace public étroitement liées à l’histoire des lieux, des usages des rez-de-chaussée et à la vie quotidienne. Si la marche dépend des pratiques collectives, elle est également une affaire personnelle. La compréhension de la façon dont les gens expérimentent la marche et donnent du sens aux lieux, permet de mieux saisir le fonctionnement de ces derniers dans le temps et de mieux interpréter la manière dont ils peuvent être conçus. Les ambiances, les habitudes, les humeurs et les souvenirs créent la façon dont on habite l’espace public. En accompagnant vingt Athéniens pendant leurs itinéraires routiniers, la recherche révèle dans un troisième temps, un éventail de raisons et de manières d’interagir avec l’environnement traversé.