Thèse soutenue

Chasse et traitement des mammifères durant le Magdalénien et l'Azilien dans le Sud-Ouest de la France : la place particulière du Cerf
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Auteur / Autrice : Aude Chevallier
Direction : Boris ValentinSandrine Costamagno
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Préhistoire. Éthologie. Anthropologie
Date : Soutenance le 07/12/2015
Etablissement(s) : Paris 1
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Archéologie (Paris)
Partenaire(s) de recherche : Equipe de recherche : Archéologies et sciences de l'Antiquité (Nanterre ; 1999-....)
Jury : Président / Présidente : Jean-Denis Vigne
Examinateurs / Examinatrices : Boris Valentin, Sandrine Costamagno, Marco Peresani, David Cochard, Werner Müller
Rapporteurs / Rapporteuses : Nicolas Valdeyron

Mots clés

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Résumé

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Au cours du Tardiglaciaire, de nombreuses transformations culturelles et sociales ont été mises en évidence à l’échelle de l’Europe occidentale, en parallèle aux changements environnementaux et climatiques. Dans les hypothèses fréquemment proposées pour tenter de les expliquer, les modalités d’exploitation des grands mammifères jouent généralement un rôle fondamental. La recomposition des cortèges fauniques émigration du Renne et essor septentrional du Cerf – est ainsi souvent évoquée. Afin de vérifier dans quelle mesure la réorientation de la prédation vers l’exploitation du Cerf avait pu jouer un rôle dans le processus d’azilianisation, les modalités d’acquisition et de traitement des grands mammifères ont été comparées entre le Magdalénien et l’Azilien. Huit ensembles osseux du Sud-Ouest de la France ont été étudiés : la couche 8 de Troubat pour le Magdalénien récent, l’ensemble A de Bourrouilla pour le Magdalénien terminal, la couche 4 du Bois-Ragot et le niveau F5 de Rhodes II pour l’Azilien ancien, la couche 3 du Bois-Ragot, les couches I à III de Murat et les niveaux F6 et F7 de Rhodes II pour l’Azilien récent. Les résultats obtenus ont ensuite été confrontés aux autres données disponibles pour la région puis à celles des régions limitrophes. Dans le Sud-Ouest, les différences entre les deux traditions culturelles en termes de modalités d’acquisition sont ténues. On observe néanmoins une diminution du nombre d’individus exploités dès l’Azilien ancien, en parallèle à une augmentation de la part des juvéniles parmi les populations chassées. Ces deux observations pourraient indiquer un comportement plus solitaire des gibiers exploités, conduisant à des chasses plus individuelles dont l’objectif restait néanmoins l’abattage d’un maximum de proies. Une évolution plus fondamentale est perceptible en ce qui concerne les modalités de traitement des carcasses. Une exploitation plus exhaustive de ces dernières semble ainsi devoir être notée pour l’Azilien, ce qui pourrait être mis en relation avec l’abattage d’un nombre plus réduit d’animaux. La désarticulation des carcasses semble en revanche moins intensive à cette époque par rapport au Magdalénien, ce qui pourrait indiquer l’absence de regroupement entre plusieurs familles à l’occasion des chasses et, par là, à nouveau des chasses plus individuelles. La morphologie des stries de décarnisation évolue également, ce qui pourrait plaider pour l’abandon dès le début de l’Azilien des pratiques de stockage de la viande supposées pour le Magdalénien. Tous ces éléments vont dans le sens d’une moindre planification de l’économie à l’Azilien, déjà évoquée pour l’industrie lithique ou la mobilité. Bien que des recherches complémentaires soient nécessaires pour l’affirmer, elle pourrait être mise en relation avec le comportement plus solitaire des gibiers exploités à cette époque. L’hypothèse d’une évolution du comportement du Cerf au cours du Tardiglaciaire, liée à la fermeture du milieu, est par ailleurs proposée.