Thèse soutenue

La Cité du rire : la dérision et le politique à Athènes à l'époque classique

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Auteur / Autrice : Jean-Noël Allard
Direction : Pauline Schmitt-Pantel
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Histoire
Date : Soutenance le 03/10/2015
Etablissement(s) : Paris 1
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale d'Histoire de l'Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne (Paris ; 1992-....)
Partenaire(s) de recherche : Equipe de recherche : Anthropologie et histoire des mondes antiques (Paris ; 2010-....)
Laboratoire : Anthropologie et histoire des mondes antiques (Paris ; 2010-....)
Jury : Président / Présidente : Patrice Brun
Examinateurs / Examinatrices : Pauline Schmitt-Pantel, Paul Demont, Vincent Azoulay, Violaine Sebillotte Cuchet
Rapporteurs / Rapporteuses : Silvia Milanezi

Mots clés

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Résumé

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A l'époque classique, la dérision, entendu comme tout message - délivré par le geste, le dessin, la musique et surtout la parole dont le dessein est de susciter le rire en prenant pour cible quelque chose ou quelqu'un, débordait de toute part l'espace civique athénien. Les lois qui encadraient l'usage de la parole, et donc de la dérision, étaient d'ailleurs assez lâches. Pourtant, pour les esprits du temps, la dérision constituait une offense et pouvait par conséquent semer la haine et la discorde et fragiliser l'équilibre social. La parrhèsia, cette liberté de tout dire que la démocratie athénienne valorisait, n'explique pas seule cette situation paradoxale. Il convient surtout d'invoquer l'importance politique capitale de la dérision. En premier lieu, elle était l'une des modalités principe des affrontements politiques de faible intensité qui flanquaient ce régime de dissensus qu'était la démocratie. En outre, la dérision était un outil critique dont le poète comique se servait pour mettre en exergue les dérèglements et les errements du régime démocratique devant un parterre de citoyens. Elle leur apprenait alors à mieux «habiter» cette démocratie. Dans le même temps la dérision était employée pour rabaisser, sur le plan symbolique, les membres de l'élite confortant en creux la légitimité du peuple être le détenteur du pouvoir. La dérision participait enfin à ce «tissage» de la communauté par lequel les Anciens se représentaient le politique : non seulement elle disposait d'un pouvoir normatif que sa réfraction au sein des institutions civiques décuplait, mais elle était également un moyen de réduire les tensions sociales en les laissant s'exprimer sous une forme temporaire et/ou atténuée.