Thèse soutenue

Effrangement, altération, dissolution des genres : pour une autre lecture de l'art moderne et de ses suites : à partir de Theodor W. Adorno

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Auteur / Autrice : Wilfried Laforge
Direction : Jacinto Lageira
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Arts et sciences de l'art. Esthétique
Date : Soutenance le 08/12/2015
Etablissement(s) : Paris 1
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Arts plastiques, esthétique et sciences de l'art (Paris ; 1998-....)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Institut ACTE (Paris ; 2012-...)
Jury : Président / Présidente : Daniel Payot
Examinateurs / Examinatrices : Jacinto Lageira, Marc Jimenez, Antonia Birnbaum
Rapporteurs / Rapporteuses : Christian Malaurie

Résumé

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Le présent travail se fixe pour objet d’étude l’effondrement des limites entre les arts au milieu des années 1960, son lien avec la naissance des avant-gardes et la chute du système des Beaux-Arts. En remontant un fil tendu par Adorno, nous verrons que celle-ci semble suspendre la dialectique de la raison en tant qu’elle met à mal la division de l’art en genres — pendant de la division du travail dans le monde administré. L’ensemble du processus étudié, que nous avons choisi de nommer dissolution des limites entre les arts, nous conduit à remonter en amont des événements liés à ce changement de paradigme, afin d’en repérer les éléments déclencheurs — lesquels semblent contenus, comme en germe, dans les motivations à l’origine de l’éclosion des avant-gardes. Croisant la lecture d’Adorno et de Greenberg, cette analyse cherche, pour ce faire, à isoler des moments structurants, dont certains apparaissent comme des résonances, des échos amplifiés des autres, comme une manière d’en accuser réception : le contexte des années dix, par exemple, dans lequel les constructions cubistes de Picasso font d’ores et déjà trembler les lignes de démarcation des arts en sortant de l’espace confiné de la toile pour visiter celui de la sculpture ; puis celui des années cinquante et soixante, marqué par la catégorie des Specific Objects de Judd, mais aussi par les œuvres de Morris et Rauschenberg. Notre analyse porte également sur les années qui ont suivi cet effondrement des frontières entre les arts et tente de suivre une perspective herméneutique, en empruntant une voie esquissée notamment par Adorno dans L’art et les arts, lequel a observé que cette tendance à « l’effrangement » a fini par jouer un rôle dans l’antagonisme entre le public et l’art contemporain — anticipant les débats qui eurent lieu bien après sa mort, et que l’on retrouve sous le terme de « crise de l’art contemporain » dans les années 1990. Cet axe de recherche nous amène à poser à nouveaux frais la question de l’autonomie de l’art, devenue problématique depuis le passage des Beaux-Arts à l’art, tout particulièrement au cœur de la réception anglo-saxonne de l’esthétique d’Adorno, auteur d’une définition de l’autonomie de l’art tout à fait singulière — paradoxale. Il s'agit donc de commencer à procéder à l’exégèse de textes anglais et américains, qui, remettant au travail cette problématique classique, entendent montrer que la définition qu’en propose Adorno reste opérante lorsqu’on la confronte aux œuvres d’art actuelles.