Thèse soutenue

Le dernier Beethoven

FR  |  
EN
Auteur / Autrice : Lavinia-Nadiana Simonis
Direction : Xavier HascherCornel Țăranu
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Arts
Date : Soutenance le 11/12/2015
Etablissement(s) : Paris 1 en cotutelle avec Academia de Muzică Gheorghe Dima (Cluj-Napoca)
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Arts plastiques, esthétique et sciences de l'art (Paris ; 1998-....)
Partenaire(s) de recherche : Equipe de recherche : Institut ACTE (Paris ; 2012-...)
Laboratoire : Institut ACTE (Paris ; 2012-...)
Jury : Président / Présidente : Adrian Pop
Examinateurs / Examinatrices : Xavier Hascher, Cornel Țăranu, Horia Surianu
Rapporteurs / Rapporteuses : Jean-Marc Chouvel, Henri Gonnard

Résumé

FR  |  
EN

L'étude présente est avant tout le résultat d'une préoccupation personnelle de longue durée, qui commence avec mes premières leçons de piano et mes tentatives de jouer la musique de Beethoven. Le désir de savoir autant que possible sur la personnalité, la vie, les événements et les situations qui ont conduit à la naissance d'une œuvre est apparu très tôt. Il est évident et simple à démontrer, par ses propres notes et les témoignages de ceux qui ont écrit sur lui depuis presque deux cents ans, que Beethoven a eu des circonstances extérieures, des événements et des occurrences sociales, même historiques, qui ont déclenché certains thèmes musicaux, auxquels son propre génie et sa sensibilité ont trouvé la forme d'expression qui nous est connue aujourd'hui. Ensuite, deuxièmement, il s'agit dans cette étude d'un engagement strictement théorique. Je souhaite exposer les liens formés le long des presque trois décennies de maladie, entre la déficience auditive et la création musicale de Beethoven. Au-delà de la situation de nature médicale qu'il a accueillie avec une explicable panique, avec un mélange d'impuissance et de dépression, qui l'ont mené au seuil du suicide, presque, environ l'année 1803, la perte de l'ouïe a ouvert un horizon agonique dans l'existence du compositeur, un horizon qui a marqué sa lutte avec le destin. Celui-ci est le thème, sa perception, qui le déterminera à assumer l'image et le rôle du Héros, du Titan tendu sous les épreuves sombres des machinations divines qu'il accueille avec courage et, des fois, même avec défi. C'est de ces tensions que jaillissent quelques-unes de ses œuvres les plus complexes, puissantes, expressives et novatrices, depuis la Symphonie no.3 et jusqu'à la 9ème, les sonates pour piano et certaines de ses compositions pour cordes. Le modèle héroïque a été sans doute salvateur, une circonstance d'émulation titanique qui a aidé Beethoven à mener si loin, dans le sens créatif, sa lourde et, en quelque sorte, ironique déficience. Il faut admettre, d'autre part, que, en dehors de ce modèle romantique de se rapporter au destin par le recours au Héros et au Titan - figures de la grandiose culture grecque classique - on a du mal à déceler la relation du compositeur avec Dieu dans le sens chrétien, sa manière d'intégrer une vision, un sens de la vie fondé sur celui-ci. Certes, Missa Solemnis en Ré majeur op.123, la Symphonie no.9 et quelques autres ouvrages ou parties d'ouvrages, entretiennent l'avis que Beethoven a composé, tout comme Bach, son modèle et maître favori, de la musique de glorification de Dieu. Et si cela est tout à fait vrai, alors notre mission de comprendre son passage par des modèles culturels et religieux si différents devient encore plus difficile.