Thèse soutenue

Dynamique spatiale de la dengue : l'exemple du Nord Vietnam

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Auteur / Autrice : Thanh Le Viet
Direction : Marc ChoisyHeiman F. L. Wertheim
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Ecologie, évolution, ressources génétiques, paléontologie
Date : Soutenance le 15/12/2015
Etablissement(s) : Montpellier en cotutelle avec Oxford University Clinical Research Unit (Ho Chi Minh City, Viet Nam)
Ecole(s) doctorale(s) : Systèmes Intégrés en Biologie, Agronomie, Géosciences, Hydrosciences, Environnement (Montpellier ; École Doctorale ; 2009-2014)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Maladies infectieuses et vecteurs : écologie, génétique, évolution et contrôle (Montpellier ; 2011-....)
Jury : Examinateurs / Examinatrices : Marc Choisy, Heiman F. L. Wertheim, Maciej Boni, Marc Souris, Michel Lebrun, Nhu Duong Tran
Rapporteurs / Rapporteuses : Maciej Boni, Marc Souris

Mots clés

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Résumé

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Alors que l’épidémiologie de la dengue dans le sud du Vietnam est caractérisée par un régime d’hyper-endémicité, la maladie est en train d’émerger dans le nord du pays depuis une quinzaine d’années. Les incidences annuelles augmentent de façon constante d’année en année et la maladie diffuse à partir de Hanoï vers les zones rurales environnantes. Le travail de recherche effectué durant cette thèse s’intéresse aux déterminants spatiaux et temporels de la transmission de la dengue dans un contexte d’émergence. Les résultats sont organisés en 3 parties. La première se concentre sur l’étude d’une épidémie qui frappa à l’automne 2013 l’île de Cat Ba, au large du Vietnam dans la baie d’Halong. Cette île est caractérisée par une population de petite taille vivant essentiellement de l’exploitation des produits de la mer ainsi que du tourisme. Une grande proportion de cette population vit sur des villages flottant au large de l’île. Nous avons comparé l’épidémiologie de la dengue sur les villages flottants et sur l’île. Pour cela nous avons testé l’agrégation spatio-temporelle des cas de dengue. Nos résultats montrent une incidence de dengue sur les villages flottant plus forte que sur l’île, malgré des densités de moustiques plus faibles. Les cas de dengue étaient également extrêmement agrégés dans le temps et l’espace, suggérant une importation de moustiques infectés plutôt qu’un cycle de transmission local complet. La seconde partie de cette thèse s’est intéressée aux déterminants environnementaux de la transmission de la dengue dans la province de Hanoï. Cette étude est basée sur l’analyse de 31906 cas de dengue géospatialisés de 2008 à 2013 et utilise des méthodes de SIG couplées avec des techniques modernes d’apprentissage automatique dans le but de quantifier en détail les influences de chaque covariable environnementale sur le risque de dengue. Nos résultats montrent une forte influence de la densité de population sur l’incidence de la dengue, comme précédemment documenté dans d’autres régions du monde. L’incidence de la dengue augmente avec la couverture végétale pour de faibles niveaux de couverture végétale et atteint de très faibles niveaux lorsque la couverture végétale est au-dessus d’un certain seuil. Une telle relation est cohérente avec ce qui est actuellement connu sur l’écologie des vecteurs de dengue. Finalement, nos résultats ont montré une forte association entre les incidences de dengue et les zones résidentielles universitaires. Ces zones sont peuplées d’étudiants venant des régions autour de Hanoï où l’incidence est faible. La susceptibilité à la dengue de cette population estudiantine est donc plus forte que dans le reste de la population de Hanoï.La dernière partie de cette thèse s’est intéressée aux relations entre les épidémies successives de dengue à Hanoï de 2011 à 2014. L’épidémiologie de la dengue à Hanoï est très saisonnière avec de très faibles incidences en hiver. Une question majeure dans une telle situation est de savoir si les virus de dengue persistent localement entre chaque épidémie. Si non, alors les cas de dengue observés en hiver correspondraient à des cas d’importation qui pourraient démarrer une nouvelle épidémie chaque été lorsque les conditions climatiques locales deviennent à nouveau favorables pour la transmission de la dengue. Nous avons utilisé une approche de phylogénie moléculaire de virus échantillonnés à Hanoï ainsi que dans d’autres localités en Asie du sud-est d’où les virus de dengue pourraient migrer. L’idée d’une telle approche consiste à comparer les distances phylogénétiques entre des virus circulants dans une localité une année donnée et des virus circulants soit la même année dans d’autres localités, soit durant les années précédentes dans la même localité. Nos résultats suggèrent que, chaque année, les épidémies de dengue à Hanoï démarrent à partir des virus de dengue importés depuis Ho Chi Minh ville. Ce schéma semble être le cas pour les 4 sérotypes de dengue.