Evaluation épidémiologique de l’efficacité des stratégies de lutte anti-vectorielle contre le paludisme dans un contexte de lutte intégrée
Auteur / Autrice : | Barikissou Georgia Damien |
Direction : | Fabrice Chandre, Franck Remoué |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Biologie Santé |
Date : | Soutenance le 14/12/2015 |
Etablissement(s) : | Montpellier |
Ecole(s) doctorale(s) : | Sciences Chimiques et Biologiques pour la Santé (Montpellier ; Ecole Doctorale ; 2015-....) |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Maladies infectieuses et vecteurs : écologie, génétique, évolution et contrôle (Montpellier) |
Jury : | Examinateurs / Examinatrices : Fabrice Chandre, Franck Remoué, Christophe Rogier, Jean-Yves Le Hesran, Gérard Lefranc, Bruno Pradines |
Rapporteur / Rapporteuse : Christophe Rogier, Jean-Yves Le Hesran |
Mots clés
Résumé
Malgré les efforts national et international pour contrôler le paludisme, de nombreux pays d’Afrique Sub-saharienne restent à risque d’infection, de morbidité et de décès liés au paludisme. L’objectif de cette thèse est d’évaluer l’efficacité « théorique » et l’efficacité « réelle » des outils de la lutte anti-vectorielle (LAV) en utilisant des indicateurs parasitologiques et cliniques. Pour évaluer l’efficacité « théorique » d’une mesure de LAV (étude expérimentale), il faut effectuer un essai contrôlé randomisé à unité de randomisation collective. L’évaluation de l’efficacité « réelle » des outils de LAV est possible grâce à l’utilisation d’un essai contrôlé randomisé à condition que le groupe témoin soit couvert au minimum par les moustiquaires imprégnées d’insecticide à longue durée d’action (MILD) de référence ou les outils de LAV déjà en utilisation dans la population d’étude. Mais, elle nécessite d’énormes moyens techniques, logistiques et financiers. Les résultats de cet essai ont permis de noter que ni la couverture universelle en MILD, ni les combinaisons de MILD+Pulvérisation intra-domiciliaire (PID) ou de MILD+bâches imprégnées d’insecticides n’ont pas apporté une protection supplémentaire contre l’infection et l’accès palustre non compliqué (APNC) par rapport à la MILD en couverture sélective. L’évaluation de l’efficacité réelle des outils de LAV en post-distribution requiert un type d’étude épidémiologique plus souple dans la faisabilité. Face aux contraintes éthiques et financières de l’étude longitudinale, nous avons validé l’utilisation d’une étude cas-témoin à cet effet. Elle a été réalisée en premier chez les enfants de 0-5 ans puis appliquée à toute la population. Les résultats obtenus indiquent que l’efficacité des MILD est variable d’une région à l’autre. En zone rurale, les MILD ont conféré sur l’APNC une efficacité de 40-50 % en ouverture sélective en MILD chez les enfants de zéro à cinq ans. Une réduction de 49 % des APNC a été notée dans toute la population si les MILD (en couverture universelle) sont associées à la PID. En zone urbaine, les MILD en couverture universelle n’ont pas permis de réduire le nombre d’APNC dans toute la population. Elles ont cependant permis une réduction de 50 % des infections palustres dans un seul quartier de la zone d’étude. Les limites de cette étude cas-témoin peuvent être intrinsèques aux mesures de lutte (défaut de couverture, résistance des vecteurs aux insecticides etc.). La mesure de l’exposition peut également être soumise à des biais. Plusieurs facteurs interférant avec la réussite de la LAV ont été évoqués. Le premier facteur défavorable à l’efficacité de la MILD est son défaut d’utilisation. De même, la description de la pièce où se joue la LAV montre que l’espace disponible pour que tous les acteurs puissent jouer convenablement leur rôle (MILD, PID, Homme et vecteur) est assez restreint. Cet espace est souvent mal éclairé. De même la présence des flammes libres participe à la dégradation de l’intégrité physique des MILD. La présence de trous sur les moustiquaires indique une perte de leur efficacité car à partir d’un certain indice > 100, les individus sont fortement exposés aux piqûres de vecteurs. En plus, An. funestus, un des principaux vecteurs assurant la transmission dans les zones d’études concernées peut piquer au-delà de 6 h du matin et assure une bonne partie de la transmission à l’extérieur des habitations. Enfin, les moustiquaires peuvent également créer des dommages corporels à partir d’incendie auxquelles elles participent de part leur caractère inflammable. A l’étape actuelle de la lutte contre le paludisme, il est nécessaire de trouver de meilleurs outils pour améliorer la qualité de la prévention par la LAV. La recherche opérationnelle nous semble en outre primordiale dans la mesure où les outils de LAV utilisés à large échelle ont déjà fourni de bons résultats d’efficacité au laboratoire.