Thèse soutenue

La structure fonctionnelle et la conservation des communautés de poissons des ruisseaux en Amazonie

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Auteur / Autrice : Rafael Pereira Leitao
Direction : David Mouillot
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Écosystèmes et sciences agronomiques
Date : Soutenance le 27/03/2015
Etablissement(s) : Montpellier en cotutelle avec Instituto nacional de pesquisas da Amazônia (Brésil)
Ecole(s) doctorale(s) : Systèmes Intégrés en Biologie, Agronomie, Géosciences, Hydrosciences, Environnement (Montpellier ; École Doctorale ; 2009-2015)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Unité Mixte de Recherche CNRS-IFREMER-IRD-UM 9190 MARBEC Marine Biodiversity, Exploitation and Conservation Université de Montpellier
Jury : Président / Présidente : Bruce Rider Forsberg
Examinateurs / Examinatrices : David Mouillot, Bruce Rider Forsberg, Thierry Oberdorff, Fabricio Barreto Teresa
Rapporteur / Rapporteuse : Thierry Oberdorff, Fabricio Barreto Teresa

Mots clés

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Mots clés contrôlés

Résumé

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Tous les écosystèmes sur Terre sont confrontés à des niveaux de perturbations anthropiques sans précédent. Les forêts tropicales qui abritent une grande diversité d'espèces souffrent actuellement des changements de paysage les plus graves. Ces forêts sont aussi caractérisées par une forte proportion d'espèces rares, qui sont les premières à s'éteindre sous ses impacts croissants. Compte tenu de ce scénario, une quantification précise des réponses biotiques aux changements environnementaux est devenue urgente. Plus que cela, il faut développer des approches prédictives, capables d'identifier les conséquences de l'extinction des espèces sur la structure des communautés et sur le fonctionnement des écosystèmes. La biodiversité doit donc être considérée à travers ses multiples facettes. L'évaluation de la diversité et de la distribution des traits fonctionnels des espèces au sein des communautés (la structure fonctionnelle) est une perspective prometteuse pour étudier ces changements dans les écosystèmes. Dans ce contexte, cette étude porte sur un groupe vulnérable et riche en espèces: les poissons des ruisseaux Amazoniens. Nos principaux objectifs sont: 1) déterminer des voies par lesquelles les changements des paysage affectent la structure fonctionnelle des communauté de poissons des ruisseaux dans les régions perturbées du centre-est de l'Amazonie; et 2) examiner les conséquences des extinctions des espèces rares sur la structure fonctionnelle des communautés de poissons de ces ruisseaux. Pour atteindre le premier objectif, nous avons échantillonné 94 ruisseaux, et caractérisé les conditions de l'habitat et du paysage, y compris la densité des points de passage des routes (fragmentation) et les niveaux de déforestation et d'intensification agricole. 141 espèces ont été caractérisées fonctionnellement à l'aide traits écomorphologiques décrivant l'alimentation, la locomotion et l'habitat préférentiel. Nous avons constaté que plusieurs prédicteurs à différentes échelles spatiales influencent les conditions des ruisseaux et la structure fonctionnelle des communautés. La déforestation augmente la végétation immergée, ce qui réduit la régularité fonctionnelle des communautés (domination de quelques combinaisons de traits). La fragmentation en amont de sites et la déforestation modifient la morphologie et le fond des ruisseaux, et changent l'identité fonctionnelle des communautés. La fragmentation en aval de sites réduit la richesse, la régularité et la divergence fonctionnelle, ce qui suggère une diminution de l'amplitude des niches remplies et une homogénéisation fonctionnelle des communautés. Pour atteindre le deuxième objectif de l'étude, nous avons échantillonné 320 ruisseaux le long des principaux affluents du bassin de l'Amazone, et nous avons caractérisé fonctionnellement les 395 espèces des poissons. Nous avons construit une mesure de rareté des espèces (combinant l'abondance locale, l'aire géographique, et la gamme de l'habitat) et nous avons évalué la contribution des espèces rares à différentes facettes de la structure fonctionnelle en utilisant des scénarios réalistes de perte d'espèces. Pour améliorer la généralité de nos constatations, nous avons appliqué ces procédures à deux autres communautés tropicales: des arbres de Guyane Française, et des oiseaux des Tropiques Humides Australiens. Nous avons montré pour les trois groupes taxonomiques que les espèces rares ont les combinaisons de traits les plus extrêmes et les plus uniques, et nous avons détecté des impacts disproportionnés sur la structure fonctionnelle des communautés en fonction de l'extinction simulée des espèces rares. Ces résultats justifient l'application du principe de précaution pour la conservation de la biodiversité tropicale, malgré l'assurance apparente fournie par ces systèmes riches en espèces. Nous croyons que cette étude donne des indications importantes pour améliorer la gestion et la conservation de la biodiversité tropicale.