Thèse soutenue

Etude du rôle des cytokinines végétales et fongiques dans l'interaction riz-Magnaporthe oryzae
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Auteur / Autrice : Emilie Chanclud
Direction : Jean-Benoît Morel
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Biologie intégrative des plantes
Date : Soutenance le 17/12/2015
Etablissement(s) : Montpellier
Ecole(s) doctorale(s) : Systèmes Intégrés en Biologie, Agronomie, Géosciences, Hydrosciences, Environnement (Montpellier ; École Doctorale ; 2009-2015)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Biologie et Génétique des interactions Plantes-parasites pour la Protection Intégrée/UMR BGPI Montpellier (Montpellier ; 1999-2020)
Jury : Examinateurs / Examinatrices : Jean-Benoît Morel, Monica Höfte, Maria Manzanares-Dauleux, Pascal Gantet, Isabelle Fudal
Rapporteurs / Rapporteuses : Monica Höfte, Maria Manzanares-Dauleux

Mots clés

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Mots clés contrôlés

Résumé

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Magnaporthe oryzae est un champignon filamenteux responsable de la principale maladie du riz, la pyriculariose. Ce pathosystème est très étudié, notamment dans le but de contribuer à l’identification de facteurs pouvant permettre le développement de résistances efficaces. Si certaines hormones végétales, comme l’acide salycilique, sont requises pour la mise en place des défenses de la plante, d’autres sont impliquées dans des processus développementaux. Parmi elles, les cytokinines (CKs) sont des dérivés d’adénine décrites pour participer à la croissance et la différenciation de l’appareil aérien et racinaire. Elles contribuent à la répartition des nutriments et impactent également la viabilité des cellules, en retardant la senescence ou en induisant la mort cellulaire. Des études précédentes ont montré que les CKs pouvaient perturber la résistance de la plante hôte dans différents pathosystèmes. Chez le riz, les CKs agissent en synergie avec l’acide salicylique pour induire l’expression des gènes marqueurs des défenses. Cependant aucun phénotype de résistance associé aux CKs n’a été observé in planta. Mes travaux montrent qu’un apport exogène de CKs (kinétine, BAP) affecte la résistance du riz à Magnaporthe avant infection, de manière dose dépendante. Le phénotype de résistance observé est corrélé avec une plus forte expression des défenses pendant infection, limitant la pénétration et l’invasion du champignon. Des plantes de riz mutées pour une probable cytokinine UDP-glucosyl transferase (CK-UGT) ont été obtenues. Ces mutants ck-ugt sont affectés dans le métabolisme des CKs et sont également plus résistants à M. oryzae. Hors infection, une plus forte expression des gènes de défense a été mesurée chez les plantes mutantes, confirmant que les CKs endogènes affectent directement ou indirectement les défenses de l’hôte. En parallèle de ces analyses sur la plante, mes travaux ont aussi porté sur le rôle des CKs produites par M.oryzae. En effet, leur rôle dans l’interaction ainsi que la voie de leur biosynthèse chez le champignon n’était pas caractérisé. Conservées au sein des différents organismes, les tRNA-IPT (isopentenyl transferase) sont décrites pour participer à la biosynthèse de CKs. Un seul gène homologue a été identifié chez M. oryzae et nommé CKS1 car sa délétion abolit la production de CKs. Le mutant de Magnaporthe cks1 est moins virulent (pénétration et invasion in planta réduites) que la souche témoin complémentée. Il induit une plus forte accumulation des espèces actives de l’oxygène et une plus forte expression des défenses chez la plante. Les dosages des acides aminés et des sucres pendant infection ont montré que les concentrations de ces nutriments étaient différemment perturbées par la souche déficiente en CKs. Ces résultats suggèrent que les CKs fongiques pourraient être requises pour affecter la répartition des acides aminés et contribuer une accumulation progressive de sucres au cours de l’infection. Ainsi, chez un champignon qui n’induit pas de tumeurs, les CKs pourraient agir comme des effecteurs qui auraient une double fonction d’inhibition des défenses et de drainage des nutriments. Chez les champignons, ces hormones induisent également des réponses physiologiques comme la résistance à certains stress, les processus de nutrition et la reproduction sexuée. Ces effets ont été étudiés chez Magnaporthe dans différentes conditions de croissance in vitro plus ou moins stressantes. Les résultats indiquent que les CKs augmentent la tolérance au stress osmotique et oxydatif et suggèrent qu’elles affecteraient aussi l’absorption des nutriments ainsi que la reproduction sexuée. Comme le gène CKS1 est conservé, cette mutation peut être caractérisée chez d’autres organismes fongiques présentant des modes de vie différents de manière à mieux comprendre le rôle de ces hormones dans les interactions plante-microorganisme mais également au sein des interactions microbiennes.