La France au miroir de l'Angleterre : poétiques de l'hybridation dans le théâtre français (1590-1640)
Auteur / Autrice : | Alban Déléris |
Direction : | Bénédicte Louvat-Molozay, Nathalie Vienne-Guerrin |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Littérature française, comparée et musicologie : spécialité littérature française. |
Date : | Soutenance le 03/06/2015 |
Etablissement(s) : | Montpellier 3 |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale 58, Langues, Littératures, Cultures, Civilisations (Montpellier ; 2015-....) |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Institut de recherche sur la Renaissance- l'Age Classique- et les Lumières. / IRCL |
Jury : | Examinateurs / Examinatrices : Hélène Baby, Christian Biet, Andrew Hiscock, François Lecercle |
Mots clés
Résumé
La France entretient avec son voisin anglais, entre le milieu du XVIe siècle et le début des années 1640, deséchanges constants, tant d’un point de vue politique que culturel. Malgré les troubles religieux et les guerres qui agitentl’Europe occidentale durant cette période, en dépit également des barrières linguistiques, un grand nombre devoyageurs, de diplomates, d’intellectuels et d’écrivains n’hésitent pas à traverser les frontières. Ces passeurs quittent laFrance pour se rendre de l’autre côté de la Manche : ils y apprennent éventuellement la langue anglaise, effectuent desmissions diverses et surtout ils se font les acteurs de la relation culturelle entre les deux pays. Imprimés et traductions detextes religieux, scientifiques ou littéraires, mais aussi troupes théâtrales circulent ainsi de l’Angleterre vers la France,empruntant parfois des détours inattendus. L’étude s’attache dans un premier temps à passer en revue ces différentstypes de contacts et de transferts culturels, en particulier en ce qui concerne l’influence de la littérature anglaise sur lethéâtre français.Cette influence se manifeste par ailleurs à travers des conceptions et des pratiques hybrides du théâtre.Poétiques du mélange, du métissage et de l’hybridation formelle et générique sont caractéristiques du théâtre anglais dela période élisabéthaine et jacobéenne. Des auteurs comme Marlowe, Greene, Shakespeare ou Webster expérimentent eneffet des formules dramatiques qui invitent à reconsidérer et relativiser les catégories poétiques traditionnelles. Si latragédie, la comédie ou la tragi-comédie ne sont pas absentes en tant que dénominations génériques, elles sont lessupports et les instruments de combinaisons et de mélanges multiples et variés. Ce faisant, les différentes modalités dumélange et de l’hybridation dans le théâtre anglais permettent de jeter un regard différent sur la production dramatiqueen France entre la fin du XVIe siècle et le début du XVIIe siècle. En effet, les pièces composées pendant cette périodelongtemps méconnue du théâtre français, attestent d’une hybridité aussi marquée que celle des pièces anglaises, et ellestémoignent de la grande diversité des formes et des genres dramatiques. Ce théâtre, qui ne se conforme pas encore auxcatégories critiques et aux principes dramatiques formulés par les théoriciens et commentateurs d’Aristote, secaractérise par son irrégularité, la porosité de ses catégories génériques et par un souci de s’adapter aux contraintes de lavie théâtrale.L’étude s’attache dans un dernier temps à poser les prémisses d’une analyse plus approfondie des liensorganiques entre le théâtre médiéval et populaire et le théâtre français à l’aube du XVIIe siècle. Ainsi, ce que nousappelons « théâtre monstre », parce qu’il a partie liée avec la figure politique, symbolique et esthétique du monstre etses différentes déclinaisons, nous permet de rapprocher, en France et en Angleterre, des pièces qui se caractérisent parleur a-normalité, leur ludisme et leur métathéâtralité, loin de la tradition aristotélicienne et de ses contraintes. Noussommes amené ainsi à considérer le théâtre français selon sa diversité géographique et linguistique, ainsi que du pointde vue de ses continuités historiques.